L'UE oblige les multinationales à plus de transparence fiscale
Dorénavant, les grands groupes internationaux devront déclarer publiquement les bénéfices qu'ils réalisent et les impôts dont ils s'acquittent. Au bout de cinq années d'âpres négociations, les représentants des Etats membres et du Parlement européen se sont mis d'accord sur ces mesures, qui ont vocation à améliorer la transparence. L'Europe vient-elle de faire un pas de géant vers plus de justice fiscale ?
Un coup de maître du Parlement européen
Ces nouvelles règles de transparence constituent une avancée politique historique, se félicite le quotidien économique Les Echos :
«Elles signent la primauté du Parlement européen sur les Etats de l'Union. Les élus bruxellois poussaient le dossier depuis presque une décennie, et se heurtaient à la résistance des gouvernements. Ils ont contourné l'obstacle en classant la directive comme un dossier comptable, et non fiscal, évitant ainsi l'exigence d'un vote à l'unanimité. Mais qu'on ne s'y trompe pas : la pression de l'opinion est le levier le plus puissant pour changer la donne. Elle a déjà obligé le Luxembourg à lever le secret bancaire en 2015. Elle pourrait contraindre l'Irlande à accepter l'impôt minimum mondial et la taxe numérique, que les pays du G20 espèrent annoncer le mois prochain. La résistance perdure, mais cette révolution fiscale semble bel et bien en marche.»
La bataille ne fait que commencer
Le quotidien taz déplore la frilosité de l'UE pour une fiscalité plus juste :
«Jusqu'ici, loin de tirer vers l'avant la politique fiscale, les Européens ont plutôt traîné des pieds. Une fois de plus, ce sont les Etats-Unis qui ont ouvert la voie. Leur nouveau président Joe Biden montre comment s'y prendre pour mener une politique économique et financière progressiste. Biden se bat pour imposer une taxation minimale des multinationales dans le monde. Il est actuellement question d'un taux de 15 pour cent. Or il se trouve que ce sont des pays comme l'Irlande (dont le taux d'imposition s'élève à 12,5 pour cent) qui freinent des quatre fers. La lutte pour davantage de justice fiscale n'est pas terminée. Elle vient tout juste de commencer.»
La même cohésion interne que pour la taxe numérique
Avant la rencontre des ministres des Finances du G7 ce vendredi, Joe Biden a revu à la baisse sa proposition de taux d'imposition minimale sur les sociétés, portée de 21 à 15 pour cent. Sur cette question, La Libre Belgique conseille à l'UE de faire front commun comme pour celle de la transparence fiscale :
«Bien sûr, l'Europe ne devra pas accepter n'importe quoi dans ces négociations. Les Américains ont toujours voulu du taux minimum mondial. Mais Donald Trump n'était pas prêt à accepter sa contrepartie : une taxation des Google, Facebook, Apple ou Microsoft... Joe Biden a fait un geste afin de débloquer les négociations internationales. L'Europe doit maintenant s'assurer que ce geste est suffisant. Les Vingt-Sept doivent pouvoir mettre en place leur propre taxe numérique sans risquer de subir des mesures de rétorsion de la part des États-Unis.»