Suède : statu quo après la motion de censure ?
Le Premier ministre social-démocrate suédois Stefan Löfven, renversé par un vote de défiance au Parlement, a fait le choix de démissionner, et donc de ne pas convoquer d'élections anticipées. Le président du Parlement est chargé de lui trouver un successeur. Les éditorialistes suédois gagent que ce sera de nouveau Löfven, ce qui ne manque pas d'interpeler la presse finlandaise.
On prend les mêmes et on recommence
Göteborgs-Posten ne sait pas trop que penser de la décision de Löfven de ne pas convoquer d'élections anticipées :
«Le Parlement est dans l'impasse, paralysé qu'il est entre deux groupes dont aucun n'a un soutien suffisant pour former un gouvernement. ... Une situation qui perdure depuis 2018, où le président du Parlement a eu besoin de quatre mois pour former un gouvernement. ... Beaucoup d'indices portent à croire que Löfven rempilera au poste de chef du gouvernement, avec une base encore plus précaire qu'auparavant. Il faut croire que nous n'arriverons pas à nous débarrasser de lui, malgré toutes les crises depuis 2018. ... Ce chef du gouvernement est-il réellement toléré par le Parlement ? Est-ce bien responsable de renouveler l'expérience une seconde fois ?»
Le bloc de droite se frotte les mains
Il y a fort à parier que le leader de l'opposition, Ulf Kristersson, laissera Stefan Löfven se disqualifier tout seul, suppose Aftonbladet :
«Désireux de devenir Premier ministre en 2022, Kristersson serait probablement ravi de voir les sociaux-démocrates s'écharper d'ici le rendez-vous électoral. ... On peut donc s'attendre à ce que les conservateurs laissent Löfven, de plus en plus affaibli, rouler sa boule jusqu'aux législatives de 2022, dans l'optique de maximiser leurs chances de l'emporter. Car l'enjeu central [poursuivi par les Modérés (M), de concert avec les Chrétiens-démocrates (KD) et Démocrates de Suède (SD)] est l'alternance. Ces deux dernières semaines, leurs chances de gagner ont nettement augmenté ; c'est sans doute l'effet le plus significatif de la crise gouvernementale.»
Prenez donc exemple sur la Finlande !
Ilta-Sanomat conseille à la politique suédoise de faire preuve de davantage de souplesse et de pragmatisme pour former un gouvernement :
«Vu de Finlande, les problèmes suédois paraissent bizarres. Nous sommes habitués dans notre pays à ce que presque tous les partis s'arrangent pour former une coalition. ... D'un point de vue finlandais, le système suédois est un château de cartes qui menace de s'écrouler à la moindre chiquenaude. Ceci peut être préjudiciable à la continuité de l'action du gouvernement, ce qui complique la gestion du pays. La Suède devrait donc marcher dans nos pas. Or elle s'accroche à ses vieilles habitudes, refusant d'admettre combien elles peuvent être problématiques.»