Grande mobilisation antigouvernementale à Cuba
Des milliers de personnes descendent dans les rues de La Havane depuis dimanche pour protester contre le gouvernement, sa gestion de la pandémie et la crise économique. De telles manifestations étant illégales à Cuba, ils s'exposent à des peines de prison. Plus de 100 personnes ont été arrêtées ou sont portées disparues, parmi lesquelles des journalistes étrangers, et au moins un protestataire a perdu la vie.
Le déclin va s'accélérer
Incapable de réformer le système communiste, le régime cubain est voué à sombrer, pense Expressen :
«Ce sont surtout les tentatives de libéralisation à reculons qui sont responsables du fiasco. L'accès récent à la téléphonie mobile et à Internet a donné aux jeunes un aperçu de ce qu'était la vie de l'autre côté du détroit de Floride. Mais dans le même temps, le régime refuse d'ouvrir l'économie, comme l'on fait ses modèles, la Chine et le Vietnam. Il ne peut donc pas justifier la répression politique en invoquant une amélioration du niveau de vie. L'an dernier, l'économie s'est contractée de 12 pour cent. 'Comment fait-on faillite?', se demandait Ernest Hemingway, citoyen d'honneur de Cuba. 'Ça commence lentement, et puis ça s'accélère'. Les régimes despotiques finissent toujours par tomber de la même manière.»
Les Etats-Unis espèrent un 'Maïdan'
Plusieurs pays cherchent à influer sur l'évolution du mouvement de protestation cubain, souligne Douma :
«La situation à Cuba s'est déjà internationalisée. Les pays font valoir leurs positions : Russie, Venezuela et Mexique d'un côté ; Etats-Unis, UE et Brésil de l'autre. Les premiers sont opposés à toute immixtion à Cuba, les seconds tablent vraisemblablement sur un 'Maïdan' cubain. ... Les Etats-Unis convoitent l'Etat insulaire depuis longtemps déjà, mais ils perdent du terrain - leurs tentatives ont échoué au Venezuela, et l'Amérique du Sud commence progressivement à devenir rouge. La question est de savoir si, sans des personnalités comme Che Guevara ou Fidel Castro, Cuba pourra résister à une telle dynamique.»
Madrid doit soutenir les manifestants
El Mundo juge qu'en raison des liens historiques qui l'unissent à Cuba, l'Espagne se doit d'agir :
«Quand il s'agit de prendre position par rapport à l'Amérique latine, l'UE se tourne toujours vers l'Espagne. Encore faut-il que celle-ci veuille assumer ce leadership international. Le gouvernement espagnol, dont les membres se réclament en partie du communisme, s'y refuse. Cuba, c'est le mur de Berlin du XXIe siècle, le rideau de fer de l'Amérique latine. Le castrisme exporte son idéologie totalitaire sur le reste du continent. ... Il faut que les Etats-Unis et l'UE soutiennent clairement et résolument le cri de liberté poussé par le peuple cubain. Et que l'Espagne, de son côté, renonce aux petits calculs mesquins que lui imposent les extrémistes au sein de la coalition gouvernementale.»