Roumanie : Liviu Dragnea sort de prison
En Roumanie, l'ex-chef de file du Parti social-démocrate (PSD) et ex-président du Parlement, Liviu Dragnea, détenu depuis plus de deux ans, a bénéficié d'une libération anticipée. Considéré comme le "Premier ministre de l'ombre" ces dernières années, celui qui tirait les ficelles en coulisses, il avait été condamné en 2018 à trois ans et demi de prison pour incitation à l'abus de pouvoir. Les éditorialistes s'interrogent sur son avenir.
Des turbulences à venir
Dragnea ne déposera pas les armes, croit savoir Evenimentul Zilei :
«En vertu du verdict rendu par la Cour suprême, il lui est interdit d'exercer tout mandat de député, de président de région ou de conseiller municipal, ainsi que toute autre fonction au sein de l'Etat. Concrètement, Liviu Dragnea n'a plus d'avenir politique. A vouloir miser trop haut, il a tout perdu. ... Mais rien ne l'empêche en revanche de fonder un nouveau parti. Ou de venir jouer les trouble-fêtes dans son ancien parti, le PSD. Il est probable qu'il prenne ce genre d’initiatives.»
Persona non grata au PSD
Digi 24 ne croit pas que le PSD ré-acceptera Dragnea en son sein :
«Même s'il se trouve encore dans le parti des membres de la clique de Dragnea, il paraît difficile de la réactiver aujourd'hui. La direction actuelle est solidement aux commandes et la clique du chef de file du parti, Marcel Ciolacu, peut se targuer de bons résultats sur le plan politique. N'oublions pas une chose du reste : Dragnea voulait dissoudre le PSD. Depuis sa prison, il a fustigé son parti car celui-ci organisait des élections internes. Après de telles mesures, difficile d'imaginer que Dragnea parvienne à reprendre pied au sein du PSD.»
Une justice inoffensive
Dragnea est encore visé par deux procès pour corruption. Mais il est fort probable qu'il ne soit pas condamné à nouveau, explique Răzvan Chiruţă, rédacteur en chef de Newsweek România :
«Je crains que Dragnea reste intouchable, comme c'était déjà le cas par le passé. Car en réalité, l'actuelle coalition gouvernementale ne s’accommode elle non plus pas beaucoup d'une justice forte. Liviu Dragnea avait fait un énorme cadeau aux politiques rapaces : il avait rendu la justice inoffensive. Et les politiques se montrent reconnaissants de cette initiative. Car dans les années à venir, il y a 80 milliards d'euros [issus du plan de relance européen] à dépenser.»