Autriche : des razzias illégales dans la lutte contre le terrorisme islamiste
En Novembre dernier, dans le cadre de l''Opération Louxor', la police autrichienne avait mené une série de perquisitions au domicile de plus de 60 membres présumés des Frères musulmans. Leur étaient reprochées deux choses, la constitution d'une organisation terroriste et le soutien financier au terrorisme. Le tribunal régional supérieur de Graz vient de trancher que dans neuf des cas, les soupçons invoqués étaient insuffisants. Les journalistes pointent que l'Etat ne se couvre pas de gloire.
Préserver la liberté de culte
La police ne saurait se baser dans son travail sur des suspicions généralisées à l'encontre des musulmans, écrit Die Presse :
«Les accusations sont évasives, générales et à ce jour, elles n'ont pas été confirmées. Pourtant, le dossier [les dossiers] indique que certaines des personnes interpelées mériteraient tout à fait qu'on se penche sur leur cas. Peut-être même au niveau pénal. Les poursuites doivent être bien pensées et reposer sur une argumentation solide. Défoncer la porte de tant de gens au petit matin et embarquer tous ceux qui ont l'air arabophone est une procédure ni adéquate ni conforme à la liberté d'exercer sa religion telle que la prévoit la Constitution.»
Un zèle délétère
Chaque opération policière désavouée mine un peu plus la crédibilité de l'Etat, met en garde Wiener Zeitung :
«Pour la énième fois, le verdict des recours est sans appel : la procédure adoptée contre des associations et des personnes islamistes ou supposées l'être n'était pas conforme au droit. ... Les enquêteurs devraient éviter un tel rappel à l'ordre de l'Etat de droit. Un Etat qui se fait taper sur les doigts par ses propres juges ne gagne pas la considération et le respect de ceux qui veulent le défier. ... Un Etat libéral, s'il veut être pris au sérieux et craint par ses ennemis, ne doit pas faire trop de zèle et trop d'annonces précipitées. Faute de quoi il perdrait peu à peu sa crédibilité.»