COP26 : y a-t-il un dénominateur commun ?
Dans les dernière heures de la conférence mondiale sur le climat de Glasgow, les participants recherchent fébrilement les bonnes formulations pour la déclaration finale. Celles-ci portent notamment sur la sortie accélérée du charbon et la question clé de la date visée pour l'objectif "zéro émission". En marge des grandes décisions, les médias discernent de petites avancées décisives.
La finance comme catalyseur
El Confidencial est encouragé par plusieurs nouvelles concernant le secteur de la finance :
«Premièrement, il s'est engagé à un objectif de zéro émission nette d'ici à 2050. Deuxièmement, la Commission européenne veut obliger les banques à tenir compte des facteurs de durabilité dans leur gestion du risque. ... Troisièmement, la Banque centrale européenne (BCE) a fait savoir qu'elle intégrerait le changement climatique à son activité de contrôle (2020) et de politique monétaire (2021). ... Si ces trois initiatives devaient porter leurs fruits, elles pourraient apporter une contribution décisive au changement climatique par le biais de décisions sur l'octroi de crédits, d'investissements et de stabilité macro-économique. ... Le secteur des finances, facteur clé dans la lutte contre le changement climatique, devrait renforcer l'initiative politique, sans toutefois se substituer à elle.»
Le terrain est prêt pour les négociations
En dépit de la tiédeur de la résolution finale, Upsala Nya Tidning estime que la COP26 marque un tournant, jugeant les engagements de la Chine, de l'Inde et des Etats-Unis sans précédent :
«Comme à l'accoutumée, les critiques des organisations de protection de l'environnement seront accablantes. Elles diront invariablement qu'on fait trop peu et qu'on s'y prend trop tard pour atteindre l'objectif des 1,5 degré, voire même des objectifs bien plus modestes. Mais quand on se laisse obnubiler par la longueur du chemin, on en oublie qu'on s'est tout de même déjà mis en route. Plus de 30 ans après le premier sommet mondial sur le climat, on est au moins d'accord sur les données du problème. Une bonne base pour entamer les négociations à proprement parler.»
Il faut définir un plan d'action
Trends-Tendances énumère tout ce qui doit être fait selon lui pour mettre en œuvre les décisions :
«La grande décarbonation du monde ne se fera pas sans un vaste plan d'ensemble. Cela suppose de mettre en place des incitants pour favoriser les processus de production décarbonée, mais cela veut dire aussi changer de fond en comble les aides au développement économique pour soutenir les entreprises qui ne peuvent se décarboner toutes seules, mais aussi bâtir les infrastructures nécessaires (bornes, hubs électriques, etc.), et encore repenser la totalité de l'espace public pour permettre aux nouvelles installations de voir le jour tout en préservant les indispensables terres agricoles et forestières.»
Jouer cartes sur table
Les victoires d'étape remportées à la COP26 ne sont pas un gage de sécurité, assène The Irish Independent :
«Le problème, c'est que toute avancée réalisée lors de la conférence risque de nous donner la fausse assurance que l'on maîtrise le changement climatique. Nous devons annoncer la couleur et sensibiliser à l'impact qu'aurait l'inertie. Nous risquons de faire face à une colère croissante quand les gens commenceront à comprendre les sacrifices qu'on veut leur demander. Nos leaders actuels et futurs devront faire preuve de davantage d'honnêteté et d'humilité. Réduire nos émissions de 51 pour cent d'ici 2030, cela exige plus que de devenir 'un peu plus vert'. C'est une véritable transformation.»
Protester sans négocier ne sert strictement à rien
Seule la poursuite des négociations avec la Chine et l'Inde pourra changer la donne, rappelle Observador :
«La lutte contre la pollution mondiale restera sans effet si la Chine et l'Inde n'y participent pas activement. Mais bien entendu, la priorité des gouvernements des deux puissances asiatiques sera la lutte contre la pauvreté, quitte à augmenter la pollution. Il est sûrement grisant de tenir des discours bien intentionnés aux côtés de Greta. ... Ce qui pourra faire la différence, ce sera des négociations acharnées avec les présidents chinois et indien. Tant qu'on ne le fera pas, les Greta de ce monde pourront protester autant qu'elles le voudront, la lutte contre la pollution globale n'avancera pas sensiblement.»
Un accord malgré la nouvelle guerre froide
Mercredi, la Chine et les Etats-Unis ont rendu public un accord pour améliorer la protection du climat. Corriere della Sera s'en réjouit :
«Les Chinois ont fini par parler. Le négociateur en chef de Xi Jinping a créé la surprise en sortant de l'ombre et annonçant une 'déclaration conjointe avec les États-Unis sur le renforcement de l'action climatique'. La Chine s'y engage à réduire ses émissions de méthane, à protéger ses forêts et à abandonner progressivement le charbon. Un accord presque historique, compte tenu du vent de guerre froide qui souffle sur le Pacifique entre les deux superpuissances. Et la preuve que les négociations climatiques ne suivent pas la même logique que la géostratégie mondiale.»
L'avenir du climat ne se joue pas en Occident
Dans le quotidien Libertatea, Cornel Ban, professeur à la Copenhagen Business School, insiste sur l'importance du lieu où sont faits les investissements dans les technologies vertes :
«Une part importante du capital devrait être investi dans des domaines à risque pour les investisseurs, tels que la promotion d'un hydrogène vert obtenu à partir d'énergies éolienne ou solaire, de la séquestration naturelle ou artificielle de CO2, ou encore de batteries nouvelle génération. ... Or ce capital risque d'être investi là où le rapport entre risque et rendement est le plus intéressant : dans les pays riches ou relativement riches. ... La dynamique démographique observée dans la croissance de la consommation montre toutefois qu'aujourd'hui, les émissions sont appelées à exploser dans les pays en développement - c'est donc là que se décide l'avenir de la planète.»