Présidentielles françaises : le coup d'envoi de la campagne ?
En France, la course présidentielle se précise. Le premier duel télévisé des prétendants à la primaire du parti LR s'est déroulé lundi. Mardi, l'adresse du président Emmanuel Macron à la nation avait des airs de programme électoral. Du côté de l'extrême droite, Eric Zemmour, qui n'est toujours pas officiellement candidat, supplante progressivement la candidate du RN Marine Le Pen. La presse s'inquiète de ce que tous ces partis cherchent à courtiser le même électorat.
Zemmour a rebattu les cartes
La médiatisation d'Eric Zemmour est une épée à double tranchant pour Macron, juge Dziennik Gazeta Prawna :
«L'apparition de Zemmour comme candidat potentiel offre un répit au président Macron, qui en a bien besoin. Et effet, l'outsider concurrence Le Pen, si bien que le président peut se consacrer pleinement à ses sujets de prédilection : la politique internationale et les grands discours, où il excelle. Marine Le Pen n'a jamais été la chouchou des médias. Pendant des années, l'inviter à des interviews passait pour une faute de goût. Le chroniqueur de droite Eric Zemmour, que les politiques et les médias de gauche considèrent comme un fasciste, a pour sa part depuis des années sa propre émission sur la chaîne d'information très appréciée Cnews et tient des chroniques au Figaro. Il ne quitte plus les plateaux de télévisions.»
Une stigmatisation hypocrite des chômeurs
Dans sa dernière allocution aux Français, Macron a affirmé vouloir priver d'allocation les "demandeurs d'emploi qui ne démontreront pas une recherche active". Libération y voit une stratégie électorale insidieuse :
«Nier qu'il en existe [des chômeurs flemmards] serait absurde. Mais laisser penser qu'ils sont majoritaires et que la fraude est à ce point au cœur des dysfonctionnements du marché du travail est une imposture économique. La posture du chef de l'Etat est, elle, on ne peut plus claire : aller chasser sur le terrain d'une droite dont les candidats à la primaire s'abîment à courir après les thématiques identitaire et sécuritaire de l'extrême droite. La gauche s'offusque de voir les chômeurs une nouvelle fois stigmatisés. C'est bien le minimum. On aimerait aussi la voir se réapproprier, en la réinventant, cette 'valeur travail' qui fut si longtemps au cœur de son identité.»
La tentation radicale mène à l'impasse
Le Soir dispense un conseil à la droite modérée :
«La tentation radicale serait tout simplement suicidaire pour la droite. Si elle venait à s'égarer dans le champ extrême en espérant ainsi coller aux basques du sinistre Zemmour, elle n'y perdrait pas seulement son âme mais précipiterait aussi son déclin. Car, c'est bien connu, les électeurs préféreront toujours l'original à la copie. En 2007, en musclant son discours par tactique, Nicolas Sarkozy avait réussi à siphonner les voix du Front national pour conquérir l'Elysée. Mais c'est bien l'inverse qui guette aujourd'hui, avec une extrême droite bien partie pour gober ce qu'il reste de la droite.»