Mobilisation contre les mesures sanitaires : la colère gronde
Des manifestions contre le durcissement des restrictions sanitaires, souvent émaillées de violences, ont eu lieu dans plusieurs villes européennes comme Rotterdam, Vienne et Zagreb. A Bruxelles, la manifestation a dégénéré et la police a fait usage de canons à eau et de gaz lacrymogène. La presse voit la cohésion sociale en péril et évoque des exemples positifs.
Le virus est plus dangereux que les émeutes
Il ne faut pas que les violences qui ont émaillé les cortèges incitent la classe politique à infléchir leur politique sanitaire, fait valoir De Standaard :
«Nous sommes nombreux à connaître, parmi nos connaissances, des personnes dont les opérations ont été reportées [en raison de la saturation du système de santé] ou qui sont particulièrement menacées par la reprise de l'épidémie. Ces préoccupations se manifestent de façon moins ostentatoire que les cortèges de Bruxelles. Cette mobilisation est une piqûre de rappel : le complotisme est contagieux, la polarisation dangereuse. Mais le virus est encore plus dangereux et plus contagieux. La classe politique devra rester de marbre face à la colère des antivax ; mais elle devra écouter la colère des patients atteints de cancers.»
Rome indique la marche à suivre
L'exemple italien montre qu'il est possible de procéder autrement, se réjouit La Repubblica :
«Ce qui est en train de mûrir au sein du mouvement antivax est la version la plus intolérante et la plus dangereuse du rejet populiste de la démocratie : elle rejette le vaccin, qui protège la santé collective, en l'identifiant à un Etat qui opprime les citoyens, afin de délégitimer les institutions représentatives. ... Ce rejet de la science, ce germe de la haine de l'autre et cette promotion de la violence, physique ou numérique, constituent le péril le plus grave pour la sécurité et la prospérité de l'Europe. ... Notre pays, l'un des plus protégés du virus grâce aux politique adoptées par le gouvernement Draghi, devra continuer à prendre des décisions courageuses, et confirmer qu'il est un modèle de stabilité politique et de crédibilité sanitaire au sein de l'UE.»
Un fatalisme inutile
Les manifestants ne proposent aucune alternative crédible, juge Novi list :
«Les citoyens et les gouvernements ne peuvent rester les bras ballants et attendre de voir à quelle sauce il seront mangés, comme le revendiquent ceux qui s'opposent au vaccin, au pass sanitaire et au durcissement des restrictions. Cet inacceptable fatalisme n'offre aucune parade à la hausse du nombre de morts liés au Covid-19, à la saturation des hôpitaux ou aux dommages économiques occasionnés par la pandémie. Les fatalistes ne veulent pas être responsables des conséquences de leurs propos, de la santé de leurs concitoyens ou de la leur. La seule chose qui les intéresse, c'est leur propre liberté.»
Et si on laissait le peuple trancher ?
Le 28 novembre, les Suisses sont appelés à se prononcer par référendum sur la suppression du pass sanitaire pour pouvoir aller au restaurant, au cinéma ou se rendre dans des bâtiments publics. Une initiative populaire qui pourrait être rejetée. Peut-être faut-il faire davantage confiance aux citoyens, juge Aargauer Zeitung :
«Le Conseil fédéral renonce délibérément à gouverner. Cela peut fonctionner si le peuple prend le relais. La responsabilité civique est plus marquée en Suisse que dans les pays voisins ; mais l'escalade des tensions en Allemagne et en Autriche nous invite à la prudence. L'année dernière, face à la hausse des infections, nombreux avaient été les citoyens de notre pays à adapter leur comportement, avant même que les confinements ne soient décrétés.»