Bélarus : la peine maximale pour Sergueï Tikhanovski
Le blogueur bélarusse Sergueï Tikhanovski, mari de la chef de file de l'opposition Svetlana Tikhanovskaïa, a été condamné à 18 ans de prison. Agé de 43 ans, il sera envoyé dans un camp pénitentiaire pour avoir 'préparé et organisé les émeutes de masse' avant les présidentielles de 2020. Un signe de plus, pour les commentateurs, de la dérive antidémocratique du Bélarus sous Loukachenko.
Un millier de prisonniers politiques au Bélarus
Svetlana Tikhanovskaïa estime que Loukachenko se venge publiquement de ses opposants les plus redoutables. La Stampa lui donne raison :
«Le procès s'est tenu à huis clos. Selon les médias d'Etat bélarusses, Tikhanovski, 43 ans, a été jugé coupable d'organisation d'émeutes de masse et d'incitation à la haine sur les réseaux sociaux, un verdict clairement politiquement motivé, comme dans le cas des cinq autres accusés. Depuis 2020, pratiquement tous les opposants bélarusses importants sont derrière les barreaux ou ont été poussés à l'émigration - Tikhanovskaïa elle-même a été obligée de quitter le pays juste après les élections. ... Le centre de défense des droits civiques bélarusse Viasna dénombre actuellement 920 prisonniers politiques au Bélarus.»
Un Etat voyou à ostraciser
L'UE doit actionner tous les leviers d'action, réclame dans Die Welt le journaliste Deniz Yücel, qui fut lui-même prisonnier politique :
«Pour mettre sous pression, isoler, exclure, ostraciser [le Bélarus]. ... Le terme d'Etat voyou, (outlaw state en anglais, soit Etat hors la loi) initialement forgé par un des plus grands penseurs du XXe siècle, John Rawls, a perdu de son lustre en raison de l'usage intéressé qu'en a fait le gouvernement américain - et sous l'effet de certaines pratiques des Etats-Unis mêmes. Mais l'usage parfois discutable qui en est fait ne disqualifie pas la notion. Et c'est exactement ce qu'est le régime Loukachenko : un Etat voyou au cœur du XXIe siècle, qui mérite donc d'être traité comme tel.»