Turquie : Sezen Aksu fustigée par des intégristes
Sezen Aksu, star de la chanson turque, est la cible d'attaques sur les réseaux sociaux portant sur une de ses chansons, parue en 2017, intitulée Şahane Bir Şey Yaşamak (Vivre est une chose merveilleuse). En cause, les paroles "Mes salutations aux ignorants Adam et Eve", que des intégristes religieux interprètent comme une offense faite à Adam, considéré comme un prophète. La direction des affaires religieuses s'est jointe aux critiques. Beaucoup d'artistes en revanche ont témoigné leur solidarité à la reine de la pop turque.
Les valeurs islamiques malmenées ailleurs
Dans Habertürk, le chroniqueur Fatih Altaylı tance vertement les instigateurs de la campagne contre Sezen Aksu :
«Pédophilie, abus sexuels, relations perverses au sein de confréries islamiques, suicides de jeunes, vol et corruption : la liste des ignominies est longue, mais elle ne vous émeut pas, comme si elles n'affectait en rien les valeurs conservatrices. Par contre, vous faites un tollé pour le texte d'une vieille chanson, cinq ans après sa parution. ... Toutes vos médisances auront moins d'effet sur le pays que les chansons de Sezen Aksu. ... Allez régler vos comptes politiques ailleurs. ... Sezen Aksu est un tout petit bout de femme, mais elle est capable de déplacer des montagnes.»
Ses détracteurs décuplent sa popularité
Melih Altınok, chroniqueur au journal pro-gouvernemental Sabah, estime lui aussi que le débat est tiré par les cheveux :
«Depuis des siècles, Adam et Eve sont un leitmotiv récurrent dans tous les domaines de l'art. Dans ces œuvres, il n'est pas question de la sacralité d'Adam et Eve. ... Au contraire, chassés du paradis en raison de leurs 'caractéristiques humaines', ils incarnent des archétypes. ... Ceux qui dépècent une chanson de Sezen Aksu de 2017 et en font un drame montrent que leurs critiques visent les positions politiques défendues par la chanteuse sur un certain nombre de sujets sensibles de notre société. Ils ne comprennent pas que leur attitude maniaque souffle dans les voiles de celle qu'ils prennent pour cible.»