Arrestation d'Anne Frank : que penser des nouvelles révélations ?
Un livre publié le 19 janvier présente les résultats d'une enquête menée par une équipe composée notamment de criminologues et d'un ex-enquêteur du FBI, portant sur l'identité de la personne ayant révélé aux nazis l'endroit où se cachaient Anne Frank et sept autres personnes à Amsterdam pendant l'occupation. Il s'agirait d'un notaire juif, qui cherchait à se protéger lui-même de la déportation. Les historiens appellent a se garder de faire des conclusions hâtives et critiquent le battage effectuée autour de la divulgation.
Une accusation dévoyée
NRC Handelsblad donne raison aux critiques :
«Les preuves à charge n'ont pas encore été apportées contre un suspect dont le nom a par contre été divulgué. Celui-ci ne peut plus se défendre, mais il restera désormais pour toujours le coupable. ... On a visiblement trouvé le méchant, indispensable dans ce genre médiatique reposant sur des 'histoires vraies'. La divulgation a elle aussi été 'mise en scène' en vertu de la dramaturgie du genre. Le strict délai de communicabilité des archives n'a pas permis aux experts de vérifier préalablement l'hypothèse. ... Il s'est agi d'un 'procès médiatique', pour lequel on n'a pu opposer qu'a posteriori les objections critiques nécessaires.»
Ne pas la trahir de nouveau !
Savoir si Anne Frank a été trahie par un juif n'est pas important au final, souligne Danas :
«Eprouve-t-on une forme de schadenfreude ou de soulagement à penser qu'elle a peut-être été trahie par un compatriote juif ? Cela rend-il la chose plus acceptable ? ... Faut-il y voir une répugnante théorie complotiste antisémite ? ... Ce qu'il est important de rappeler, c'est qu'une jeune fille de 15 ans, innocente, a été assassinée. Occulter ce point et se focaliser sur la 'révélation' de la complicité de l'un de ses compatriotes juifs dans sa mort, c'est la trahir de nouveau.»