Coronavirus : l'Europe entre relâchement et resserrement
Face à la hausse des contaminations au variant Omicron, avec peu de formes graves, les pays d'Europe ont des réactions différentes. L'Autriche a adopté une obligation vaccinale générale et veut inciter les candidats à la vaccination en organisant une loterie avec bons d'achat et de restauration à la clé. De leur côté, Angleterre, Tchéquie et Turquie assouplissent les mesures. La presse est divisée.
Tout plutôt que le confinement
Kleine Zeitung approuve le projet de récompenser via un tirage au sort ceux qui prendront la décision de se faire vacciner en Autriche :
«Si tous ceux qui y ont droit participaient au tirage au sort, le coût de l'opération pourrait excéder le milliard d'euros. ... Il reste surprenant que des incitations financières ou des mesures coercitives soient les seuls moyens de faire accepter des vaccins gratuits contre cette maladie dangereuse. Mais dans le cas de l'obligation comme dans celui de la loterie, le même principe est valable : toutes les mesures susceptibles de permettre de sortir de la boucle sans fin des confinements sont bonnes à prendre.»
Trop de contradictions
taz est extrêmement sceptique quant à la méthode autrichienne :
«Les autorités sanitaires ne seront pas en mesure de comparer les données de domiciliation avec les données vaccinales et ainsi d'identifier les récalcitrants. La police sera chargée du contrôle du statut vaccinal, non pas de manière ciblée, mais dans le cadre d'une autre procédure officielle, par exemple lors d'un contrôle routier ou en cas d'interpellation pour atteinte à l'ordre public. ... Contradiction majeure : l'obligation vaccinale n'est pas valable sur le lieu de travail, là où il serait pourtant le plus facile de procéder à un contrôle. ... Pas besoin d'être voyant pour prédire que cette loi ne remplira pas son objectif : une couverture vaccinale de 90 pour cent de la population.»
Une volte-face trop hâtive
Le nouveau gouvernement tchèque a levé l'obligation vaccinale ordonnée par le cabinet précédent pour certaines catégories professionnelles et pour les plus de 60 ans. Le Premier ministre, Petr Fiala, a justifié la décision en invoquant une volonté de réconciliation sociale. Une imprudence, fait valoir Lidové noviny :
«Les experts du gouvernement ont invalidé la mesure impopulaire car ils prévoient que le variant Omicron n'engorgera pas les hôpitaux. On ignore quel sera le prochain rebondissement qui nous attend au tournant. Les épidémiologistes avaient cru bon de vacciner certaines catégories professionnelles. Nul ne peut avoir la certitude que le virus ne continuera pas de muter. De ce point de vue, la décision actuelle est étayée par un échafaudage idéologique artificiel et trompeur.»
Quand le pouvoir a raison de la santé
Boris Johnson a annoncé une levée du port du masque obligatoire pour l'Angleterre. The Times est sceptique :
«Il ne fait aucun doute que la décision du gouvernement est politiquement motivée. ... Sur le plan de la santé publique, il n'y a en effet aucune raison de mettre fin à l'obligation de porter un masque dans les lieux publics tant que le nombre de cas reste aussi élevé. ... Du reste, il est peu probable que Johnson aurait pu maintenir les restrictions s'il avait tenté de le faire. Plus de 100 députés tory s'étaient opposés à leur adoption. Alors que le leadership du Premier ministre ne tient qu'à un fil, aucun de ses successeurs potentiels n'aurait osé s'attirer la colère des députés.»
Une politique très risquée
Depuis la mi-janvier en Turquie, seules les personnes présentant des symptômes du Covid ont droit à un test PCR gratuit. Les cas-contact asymptomatiques n'y ont plus droit gratuitement. Une erreur, selon Hürriyet :
«La suppression du test de dépistage obligatoire pour les cas-contact asymptomatiques empêche l'identification de cas positifs. Résultat : des personnes positives asymptomatiques peuvent diffuser le virus autour d'elles. ... Non moins problématique, la levée, le 15 janvier, de la présentation obligatoire d'un test PCR pour les personnes non-vaccinées pour assister à un concert, aller au cinéma, fréquenter un autre lieu public ou encore prendre le bus ou le train entre des villes. ... Tout ceci dénote un assouplissement de la politique de dépistage du Covid-19 qui affaiblira la lutte contre l'épidémie.»