El País divulgue les détails de l'offre américaine à Poutine
Le quotidien espagnol El País a publié la réponse détaillée remise par l'OTAN et les Etats-Unis à la Russie dans le cadre des négociations autour de la question ukrainienne. Jusque-là, seuls les grandes lignes de l'offre étaient connues. Les éditorialistes évoquent principalement la démilitarisation proposée dans le document, et jugent que celui-ci est peu susceptible de faire avancer les négociations.
Une démilitarisation de l'Europe de l'Est ?
Strana juge les propositions explosives :
«Les Etats-Unis sont prêts à entreprendre de véritables mesures pour démilitariser l'Europe de l'Est et à n'y déployer aucune arme nucléaire - missiles Tomahawk inclus, qui ont toujours posé problème à la Russie. Le plus important, c'est qu'ils puissent formuler de tels engagements également vis-à-vis de l'Ukraine. Dans le même temps, les Américains se disent prêts à limiter le recours à des unités de combat, c'est-à-dire à des troupes au sol, en Ukraine. Il s'agit-là de propositions à prendre particulièrement au sérieux, et susceptibles d'être perçues comme une 'trahison' par Kiev. Si l'alliance ne pouvait déployait de troupes sur le territoire ukrainien, ceci reviendrait à anéantir la perspective d'une adhésion du pays à l'OTAN.»
Des propositions inacceptables
Pour Izvestia, les révélations illustrent le gouffre qui sépare encore les positions russe et américaine :
«Sur le plan diplomatique, entamer ce genre de discussions est une réussite, c'est indubitable. Mais en termes de sécurité militaire, Moscou ne saurait approuver les propositions américaines. ... Dans leur réponse, les Etats-Unis parlent de renoncer à déployer [en Ukraine] des systèmes de missiles au sol et des troupes chargées d'une mission de combat. Or cela leur laisserait toute latitude pour envoyer chez notre voisin des dispositifs mobiles, pour une durée indéterminée, 'à des fins de formation'. Par ailleurs, les Etats-Unis exigent de la Russie qu'elle engage des actions similaires, entendant par là une démilitarisation de la Crimée.»
L'intransigeance du Kremlin
L'obstination de Poutine n'est pas sans dangers, fait valoir Jutarnji list :
«Le président russe prétend encore n'avoir reçu aucune réponse aux trois craintes formulées par la Russie : l'élargissement de l'OTAN, le retrait des dispositifs offensifs à proximité de la frontière russe et le retour de l'infrastructure de l'alliance au niveau qui était le sien en 1997. Poutine s'entête à exiger le maximum, ce qui pose de plus en plus problème. ... Il continue de jouer un jeu dangereux pour toutes les parties - car personne ne peut s'imposer, faute de marge de manœuvre pour parvenir à un compromis. Conscient que tout dépend de lui, il maintient ses accents guerriers tout en appelant simultanément au dialogue.»