UE : un statut spécial pour les réfugiés ukrainiens
Les ministres de l'Intérieur des pays de l'UE se sont entendus sur l'accueil et l'octroi d'une protection aux réfugiés ukrainiens. Ce statut, valable un an et susceptible d'être prolongé jusqu'à trois ans, doit encore être validé par le Conseil européen. Les chroniqueurs constatent une évolution de la politique européenne vis-à-vis des réfugiés, et s'interrogent sur le statut des citoyens non-ukrainiens fuyant le conflit.
Un humanisme à deux vitesses ?
L'aide d'urgence apportée aux personnes fuyant la guerre ne doit pas dépendre de la citoyenneté ou de la couleur de peau, fait valoir Süddeutsche Zeitung :
«De nombreuses informations indiquent que des réfugiés d'autres nationalités vivant en Ukraine subissent de mauvais traitements à la frontière. Ceci montre que la pensée humanitaire, qui doit être au cœur de l'action européenne, ne vaut visiblement pas pour tout le monde. La question décisive lorsqu'on accueille des réfugiés devrait toujours être : 'Êtes-vous en détresse ?' Or elle a été, et s'avère être bien trop souvent : 'D'où viennent vos parents ?' Les réfugiés qui croupissent encore dans le camp de Moria le savent bien.»
Un tournant étrange
Der Standard cherche à expliquer le revirement de la politique des PECO vis-à-vis des réfugiés :
«Les réfugiés reçoivent un accueil chaleureux, sont pris en charge par des comités d'accueil publics et privés, se voient proposer une aide et des informations. Bref, ils bénéficient d'une culture de l'accueil qui contraste fortement avec les années de plomb de la politique de rejet des réfugiés pratiquée depuis 2016. Comment expliquer toutefois que l'assistance aux Européens et Européennes en détresse soit visiblement régie par d'autres règles que pour les réfugiés non-européens ? ... Il s'agit vraisemblablement d'une question de proximité. Les habitants se sentent souvent affectés aussi lorsqu'un conflit a lieu dans le pays voisin, c'est pourquoi ils ouvrent leurs portes et leur cœur aux réfugiés.»
L'adhésion à l'UE a commencé
L'accueil des réfugiés revêt une importance capitale, fait valoir La Repubblica :
«L'Ukraine n'a-t-elle pas déjà intégré l'Europe il y a quelques jours, lorsque les personnes fuyant les bombardements ont traversé les frontières du pays et ont été prises en charge en Pologne, et de là en Allemagne et en Italie ? ... L'appartenance future de l'Ukraine à l'espace institutionnel, politique, économique et culturel de l'Union dépendra considérablement de l'accueil qui sera réservé à celles et ceux qui fuient l'invasion russe pour se réfugier dans l'Europe démocratique.»