Sahara occidental : L'Espagne se met du côté du Maroc
A ce jour, l'Espagne avait toujours occupé une position neutre sur la question conflictuelle du Sahara occidental. Un communiqué publié par le palais royal marocain fait état d'un message adressé au roi Mohammed VI par le Premier ministre espagnol, Pedro Sanchez, déclarant que l'intégration du Sahara occidental en tant que région autonome au territoire national marocain, constitue "la base la plus réaliste et crédible pour la résolution du différend". En signe de protestation, l'Algérie a retiré son ambassadeur de Madrid.
Le Sahara occidental n'a pas mérité cela
El País exprime sa colère envers Pedro Sánchez et déplore son absence de principes :
«Alors que l'Espagne opère un virage à 180 degrés dans sa politique traditionnelle, le Maroc ne précise même pas ce qu'il s'engage à apporter en contrepartie. ... Fait aggravant, en signe de protestation, l'Algérie, pays avec lequel nous commerçons davantage qu'avec l'ensemble de l’Amérique latine, et qui est aujourd'hui un important exportateur de gaz, a rappelé hier son ambassadeur à Madrid. ... Du point de vue des principes, la reconnaissance devrait découler d'un processus permettant aux Sarahouis de décider librement de leur avenir, en accord avec les positions de l'ONU. ... Le Sahara occidental mérite des solutions qui ne se limitent pas à un simple pragmatisme dénué de principes qui cimente le statut de ce territoire.»
L'injustice est prescriptible
Pour ceux qui luttent dans le Sahara occidental pour leur auto-détermination, la volte-face de l'Espagne est une tragédie, commente Süddeutsche Zeitung :
«Ces personnes perdent le dernier soutien qu'il leur restait en Europe : l'Espagne. Le monde se détourne d'eux, et une menace pèse, celle de voir s'imposer ce droit du plus fort, celui-là même que Poutine tente actuellement de faire subir à l'Ukraine. Une heure bien triste pour les activistes comme Aminatou Haidar, que l'on appelait jadis la 'Gandhi du Sahara occidental', et qui doit constater amèrement que l'injustice est prescriptible.»
Il est grand temps de pacifier le flanc méridional de l'Europe
Tandis que la gauche espagnole soutient généralement le mouvement de libération des Sahraouis, la journaliste Elisa Beni comprend la décision de Sánchez, comme elle l'explique sur le portail eldiario.es :
«A l'heure où nous connaissons un bouleversement géopolitique et géostratégique, je ne vois aucun mal à essayer de résoudre le problème du flanc sud de l'UE. Ce n'est pas le moment de chercher noise au Maroc. Alors que nous devons nous occuper de millions de réfugiés ukrainiens, des flux incontrôlés tentant de prendre d'assaut la frontière sud de l'UE est la dernière chose dont nous ayons besoin. ... Je n'ai qu'un seul doute : le deal a-t-il été bien ficelé, allons-nous obtenir les bénéfices escomptés ou, dans au contraire, nous attirer encore plus de problèmes, par exemple avec l'Algérie et ses livraisons de gaz ?»