Changement de pouvoir en Slovénie
Avec une participation historiquement élevée, les Slovènes ont voté dimanche dernier pour le parti vert et libéral Gibanje Svoboda (Mouvement pour la liberté). Robert Golob, ancien gestionnaire d'un groupe énergétique entré depuis peu en politique, remplace ainsi le Premier ministre de la droite populiste Janez Janša, politique chevronné mais contesté. La presse européenne se réjouit de cette nouvelle donne tout en appelant à la vigilance.
L'expression d'un ras-le-bol du peuple
La guerre en Ukraine n'a pas été déterminante pour les résultats, estime Népszava :
«En amont des élections, le chef du gouvernement slovène s'était engagé activement aux côtés de l'Ukraine et opposé fermement à Poutine. Il semble que ses effort aient été vains. Car ce n'est ni la politique étrangère, ni la guerre en Ukraine qui ont été cruciales pour ce vote. Les Slovènes en avaient déjà assez des jeux de pouvoir de Janša auxquelles la Hongrie a largement contribué : des entrepreneurs hongrois proches du gouvernement ont fait main basse sur le secteur slovène des médias, du tourisme et d'autres domaines.»
L'élection n'est que le commencement
Les citoyens ne doivent pas baisser la garde sous cette nouvelle ère, avertit Večer :
«Ce 15e gouvernement slovène entre en fonction dans une période sans merci. De nouvelles crises verront inévitablement le jour, la dernière en date étant la guerre en Ukraine. La crise de COVID-19 a montré à quel point la confiance, la crédibilité et le respect vis-à-vis des citoyens étaient importantes. La classe politique souffre d'une mauvaise image, et ce depuis longtemps. ... Les élections ne sont qu'un premier jalon. Il faudra que la société civile continue à exercer sa pression sur le gouvernement : c'est essentiel si nous souhaitons faire en sorte que nos dirigeants, après une période où le dialogue a été rompu, trouvent de véritables solutions afin que nous puissions mieux vivre dans ce pays et continuer d'être une société pro-européenne, ouverte et démocratique.»
La politique comme vengeance
Le nouveau dirigeant aux allures de hippie avait encore des comptes à régler avec Janša, rappelle Der Tagesspiegel :
«Contre toute attente, ce mélange de babacool, bobo et écolo qu'est Golob a écrasé la droite populiste. C'est une petite révolution. Mais le désir de vengeance a également son importance dans ces élections. Car Golob a passé la majeure partie des 15 dernières années à la tête du fournisseur public d'électricité Gen-I. Or Janša avait empêché la reconduction de son contrat il y a quelques mois. Golob a pris la tête du Parti vert, jusqu'alors insignifiant, pour en faire le Mouvement pour la liberté.»
Un combat réussi contre le populisme
Corriere della Sera applaudit la décision du peuple slovène :
«Le gagnant des élections, plein de charme et à l'aise avec les médias, n'est pas une oie blanche. ... Il est proche du maire de Ljubljana Zoran Janković (lui même sympathisant de Poutine). ... Mais il est porteur d'idées progressistes et pro-européennes. Et alors que la guerre fait rage, la Slovénie, tout comme l'ensemble de l'Europe de l'Est, s'est rappelée combien il était important de défendre les valeurs du droit, de la souveraineté et de s'engager pour défendre à tout prix les humains contre la violence. Elle a également compris qu'elle pouvait, avec d'autres pays slaves, prendre une initiative politique n'ayant pas pour unique prérogative le rejet de l'autre. Plus encore qu'en France, la Slovénie a déclaré dimanche la guerre au populisme.»