Quand le ministre de l'Intérieur se mêle du règlement intérieur des piscines
Pendant dix jours, le port du burkini a été autorisé à Grenoble, jusqu'à ce que le tribunal administratif de la ville suspende la délibération adoptée par le conseil municipal. Détail croustillant : nul autre que le ministre de l'Intérieur, Gérard Darmanin, avait demandé par référé au préfet de l'Isère de saisir le tribunal administratif. Certains médias semblent agacés par une polémique qui oppose depuis des années burkini et laïcité.
Objectiver le débat
L'Opinion appelle à mettre fin une bonne fois pour toute à cette fâcheuse controverse :
«La mairie de Grenoble a annoncé son intention de faire appel devant le conseil d'Etat, lequel a déjà eu à se prononcer en référé sur des arrêtés anti-burkini sur des plages de la Côte d'Azur, qu'il avait invalidés. Les partisans de la neutralité religieuse dans l'espace public et ceux qui au contraire défendent la liberté d'expression religieuse dans ce même espace n'ont pas fini de s'écharper. Faut-il en passer par le législateur ? Epargnons-nous un débat parlementaire sur la taille des culottes ou maillots de bain alors qu'un seul élément doit primer : le respect de l'ordre public. Une question à laquelle on doit pouvoir répondre avec un soupçon de droit et beaucoup de bon sens.»
L'argument de la lutte contre l'islamisme ne tient pas
Dans La Tribune, l'économiste Thierry Aimar démontre l'absurdité de la thèse selon laquelle les burkinis pourraient alimenter l'islamisme :
«On n'interdit pas aux gens de manger dans des restaurants chinois sous le prétexte qu'ils pourraient manifester ainsi leur adhésion à la politique de Pékin envers les Ouïghours. ... Ce n'est donc pas parce que certains illuminés oppriment et massacrent des femmes en Afghanistan ou en Iran au nom de l'Islam qu'on devrait les empêcher en Occident de porter un burkini si elles en éprouvent le besoin.»