Gaz et nucléaire : des énergies durables, selon le Parlement européen
Le Parlement européen a approuvé la proposition de la Commission européenne de février visant à faire bénéficier aux investissements dans l'énergie nucléaire et le gaz naturel d'un label de durabilité, moyennant certaines conditions. Sur les 705 parlementaires, 328 avaient voté contre ce projet. L'Autriche et le Luxembourg entendent faire appel. La presse européenne met en lumière cette controverse.
Le nucléaire, garant de prix stables
Echo24 fait part de son soulagement :
«Le nucléaire est un des rares moyens de garantir des prix de l'énergie acceptables pour l'avenir. L'investissement initial est élevé, un nouveau réacteur coûte des dizaines de milliards d'euros. L'exploitation en elle-même ne comporte pas de grands risques économiques et n'est pas sujette aux fluctuations intempestives des prix, comme c'est par exemple le cas du gaz. ... C'est ce qui explique que la France, dont 75 pour cent des besoins en électricité sont couverts par le nucléaire, peut se targuer depuis longtemps de prix raisonnables pour l'énergie.»
Une belle occasion ratée
La communauté européenne commence à battre de l'aile en matière de protection climatique, déplore La Libre Belgique :
«L'Union européenne avait marqué des points avec la mise en place du 'Green Deal'. Ici, elle a manqué une occasion majeure de conforter cet élan et de s'affirmer comme une référence internationale en matière climatique à travers une classification crédible et ambitieuse de ce qui est durable ou ne l'est pas. Et dans le même temps d'orienter rapidement et massivement les investissements futurs vers des technologies vertes pour faire de l'Europe un continent résolument plus durable.»
Taxer davantage les émissions
Que le gaz naturel puisse être considéré comme une source d'énergie éligible au label vert scandalise Sydsvenskan :
«Heureusement, cette classification n'est pas le seul instrument pour faire évoluer la société. Dans ce contexte, le système communautaire d'échange de quotas d'émission de l'UE revêt une place majeure, notamment grâce au durcissement des lois mises en place ces dernières années, qui a permis de réduire les volumes d'émissions et d'augmenter fortement le prix du carbone. Par conséquent, le gaz naturel est plus coûteux et moins compétitive que celle des sources d'énergie non fossiles, mais là encore, il faut que l'UE aille plus loin. Le mécanisme doit sanctionner d'autres activités polluantes, comme le transport maritime et le chauffage des logements, et d'autres droits d'émission doivent être retirés du marché des quotas.»
Les contestataires font fausse route
L'argument selon lequel l'attribution d'un label 'vert' au gaz puisse entraîner une plus grande dépendance de l'UE vis-à-vis de la Russie n'est pas recevable, fait valoir Les Echos :
«C'est en réalité tout l'inverse. Des investissements considérables sont nécessaires à court terme pour développer des circuits d'approvisionnement alternatifs en gaz (GNL, gazoducs), et à moyen terme pour abandonner le charbon, une énergie au bilan carbone catastrophique qui bénéficie d'une improbable et inquiétante relance. Surtout, mettre le nucléaire sur la touche serait une grave erreur. L'Europe a besoin de cette énergie décarbonée en appui des énergies renouvelables pour tenir ses objectifs climatiques, alors que les besoins en électricité vont être considérables. La guerre de Poutine démontre à quel point c'est un enjeu de souveraineté.»
Investir sans tarder dans les énergies traditionnelles
Le parlement semble ne toujours pas avoir saisi l'ampleur de la crise énergétique, tempête La Stampa :
«Le parlement s'est prononcé en faveur d'une 'taxonomie' pour les investissements dans les énergies vertes, qui, après des mois de délibérations houleuses, va enfin inclure certaines activités gazières et nucléaires. Mais les conditions qu'elles doivent remplir sont tellement drastiques qu'il aurait mieux valu les exclure entièrement afin d'éviter la confusion. Il est urgent de faire des investissement à hauteur de milliards d'euros dans les sources d'énergie traditionnelles : puits de pétrole et de gaz, mines de charbon, centrales nucléaires et même raffineries de pétrole.»