Qu'adviendrait-t-il d'une Russie après Poutine ?
Le président russe semble être bien en selle et tenir fermement les rênes de la politique intérieure. D'après une enquête de l'institut de sondage indépendant Centre Levada, sa cote de popularité aurait encore augmentéen juin comparée au mois précédent. La presse d'opposition en Russie et celle ayant pris le chemin de l'exil s'interrogent néanmoins sur l'avenir du pays dans le cas de figure où le pouvoir en place s'effondrerait.
Sans effondrement total, point de salut
Dans Novaïa Gazeta Europe, Alexandre Morossov, politologue russe installé à Prague, n'envisage d'avenir pour la Russie qu'après l'effondrement du système actuel :
«Il n'est pas à envier celui qui accepterait de prendre la responsabilité de tirer de l'ornière ce pays enlisé dans les décombres de 30 années post-soviétiques, marquées sur leur fin par un arbitraire biblique, une négation totale du droit et la destruction totale des villes. Ce qui alimente l'espoir aujourd'hui, ce ne sont ni des questions d'ordre politique ou organisationnel. Il tient à une seule chose : plus la catastrophe sera grande, plus il y a de chances qu'elle réveille des forces régénératrices capables de renverser la vapeur.»
Comme en Serbie après la chute de Milošević
The Insider imagine la Russie prendre le chemin de la coopération :
«Tout gouvernement post-Poutine (même formé d'ex-poutinistes) se tournerait vers la négociation et vers une sortie de guerre. Ne serait-ce que pour tenter de récupérer les avoirs gelés à l'étranger, de suspendre ou de réduire considérablement les listes noires de l'Occident et enfin pour en revenir aux beaux jours de la coopération fructueuse avec les multinationales. Contrairement à l'Allemagne de 1945, la Russie ne sera pas occupée et n'aura pas été réduite à un vaste champ de ruines. La situation sera davantage comparable à celle de la Serbie en 2000, après la chute de Slobodan Milošević. A cette époque, une partie de la classe politique avait écarté les représentants les plus sulfureux de l'ancien régime et s'était elle-même chargée de déférer Slobodan Milošević au Tribunal international de La Haye.»
Une répression aussi draconienne qu'en URSS
The New Times explique pourquoi on ne peut reprocher aux Russes de ne pas faire tomber le régime de Poutine :
«C'est comme si on reprochait aux citoyens des 15 républiques soviétiques de ne pas avoir renversé Staline, ou au moins Brejnev. Ils ont certes fait tomber le régime soviétique, mais seulement après que Gorbatchev leur ait mâché le travail et qu'un renversement ne présentait plus aucun risque pour eux. ... En desserrant l'étau politique et idéologique, Gorbatchev a permis aux pays baltes et d'Europe de l'Est d'entamer une renaissance démocratique nationale qui aurait été impossible sans lui. Quiconque osait se soulever sous le régime soviétique voyait sa résistance brisée avec la même répression hystérique que celle qui règne actuellement dans la Russie de Poutine. Une comparaison qui, malheureusement, ne force pas le trait. »