Economie : relever les taux pour combattre l'inflation ?
La nouvelle hausse des taux directeurs par la banque centrale américaine (Fed) a suscité des réactions contrastées. Si les uns approuvent cette mesure énergique contre le renchérissement du coût de la vie, d'autres craignent qu'elle engendre une récession. Les commentateurs expliquent la complexité de la situation économique européenne et déplorent l'absence de perspectives pour les consommateurs.
Une gageure
La tendance mondiale au relèvement des taux directeurs pourrait paralyser la conjoncture économique, analyse Die Zeit :
«Au total, 90 banques centrales ont déjà relevé leurs taux cette année. ... Il est vrai que chaque banque centrale prend sa décision au vu du contexte qui est celui du pays. Mais l'abandon soudain et massif à l'échelle internationale de la politique des faibles taux pratiquée cette dernière décennie pourrait renforcer les effets collatéraux inopinés des hausses de taux. Et cela pourrait nuire davantage à l'économie mondiale que ce qu'avaient anticipé les banques centrales. Elles cherchent à réguler l'économie sans pour autant l'étouffer. Une gageure, quand on sait que les banquiers centraux ont déjà du mal à atteindre cet objectif, même dans de meilleures conditions.»
Eviter un déclin industriel
Il faut se préparer à une véritable crise économique, prévient Corriere del Ticino :
«Comme si le problème de l'inflation ne suffisait pas, la hausse des prix de l'énergie et le risque de rationnement (qui apparaît de plus en plus probable), sont en train de provoquer, en Allemagne et en Italie notamment, la cessation de certaines activités productives et poussent les entreprises à envisager la fermeture définitive ou la délocalisation dans des pays moins durement touchés par la crise. L'Europe ne doit donc pas seulement surmonter la crise à venir, mais aussi éviter de subir une atrophie de ses propres structures industrielles. En somme, une partie décisive se jouera cet hiver : on se retrouvera en effet aux prises avec une crise financière et, dans le même temps, une crise économique.»
Aucun action politique
Efimerida ton Syntakton trouve insuffisant les chèques alimentaires et énergétiques ponctuels pour venir en aide aux plus pauvres :
«D'un côté, les gouvernements de l'UE - le gouvernement Mitsotakis en étant l'exemple le plus caractéristique et le plus extrême - refusent de mettre le holà à la spéculation visant les biens de consommation courants. Une spéculation qui prolifère sous couvert de la guerre en Ukraine et dont on discerne l'ampleur dans les profits inattendus réalisés par les géants de l'énergie. De l'autre, ils refusent de donner un coup de pouce aux citoyens en réduisant la TVA et les taxes spéciales. ... Tout ceci contribue à entretenir la dynamique de l'inflation. Et pour certaines personnes situées tout en bas de l'échelle sociale, cela peut même signifier d'extrêmes privations de nourriture.»