Immigration : des contrôles à la frontière slovaque
Le nombre de migrants transitant par la Serbie et la Hongrie en direction d'Europe centrale est en hausse par rapport à la période de la pandémie. Aussi l'Autriche et la Tchéquie procèdent-elles à des contrôles d'identité à leurs frontières avec la Slovaquie, sachant que c'est un itinéraire privilégié par les bandes de passeurs. Les commentaires des médias se font l'écho des désaccords sur la question.
La Hongrie, première responsable
Pour Pravda, la véritable origine du problème est à chercher du côté de Budapest :
«Malgré les négociations menées avec la Hongrie sur la reprise des réfugiés, dans les faits, les mesures sont restées bien timorées. C'est la frontière avec notre ancien Etat frère, la Tchéquie, que nous avons préféré verrouiller. Mais le véritable responsable est clair : la Hongrie. Elle ne protège pas comme elle le devrait la frontière extérieure de l'espace Schengen. En 2015, Viktor Orbán a fait ériger une clôture spectaculaire le long de sa frontière avec la Serbie. A quoi sert-elle ? Orbán fait-il exprès de laisser passer les migrants ? Il sait parfaitement qu'ils cherchent à rejoindre les pays de l'Ouest de l'UE. Ceux-là même qui veulent le mettre à la diète en lui coupant le robinet des fonds européens destinés à Budapest.»
Les migrants ne font que passer
La Slovaquie est traitée de manière inique par la République tchèque, estime Sme :
«Les contrôles effectués à la frontière entre la Slovaquie et la Tchéquie sont inutiles. Il s'agit d'une manœuvre du gouvernement tchèque qui sape l'espace Schengen et ne réduira en rien l'immigration clandestine. Les Syriens, qui peuvent bénéficier du droit d'asile, finiront par arriver en Allemagne au bout de leur troisième ou quatrième tentative. ... La grande majorité des 11 000 clandestins dénombrés par Prague depuis le début 2022 considèrent la Tchéquie comme un simple pays de transit. Alors que plus d'un million d'Ukrainiens sont entrés en République tchèque [depuis le début de la guerre] et qu'environ 300 000 d'entre eux y sont restés (!), il paraît tout à fait injustifié d'instaurer des contrôles pour 11 000 migrants (Syriens pour la plupart). Et ce aux frontières du pays avec lequel la République tchèque entretient soit-disant les meilleures relations du monde.»
A la remorque de la Tchéquie
Salzburger Nachrichten trouve peu convaincants les contrôles par l'Autriche à la frontière slovaque :
«Le ministère de l'Intérieur autrichien a expliqué que l'intensification des recherches de bandes de passeurs obligeait l'Autriche et la Hongrie à se déporter vers le nord. ... Si c'est le cas, il est étonnant qu'avant d'introduire des contrôles aux frontières avec la Slovaquie, l'Autriche ait attendu que la Tchéquie ait de son côté annoncé la même chose. Cela ne ressemble pas à une stratégie, mais plutôt à une réaction d'impuissance.»
Aborder correctement le problème
Der Standard reproche aux partis autrichiens soit de minimiser la question, soit de l'instrumentaliser à des fins électorales :
«Le nombre des demandes d'asile augmente, c'est un fait. ... Il convient d'aborder les mouvements migratoires de façon résolue et sans œillères idéologiques. Sur ce point, il est nécessaire que les Verts renoncent à leurs postures habituelles. Le SPÖ, pour sa part, devra prendre position. Quant à l'ÖVP, il devra remiser ses approches manipulatrices et populistes. Il y a un problème... Parlons-en !»