Vers la fin de l'ère Poutine ?
Que ce soit pour des raisons de santé, pour cause de révolution de palais ou bien faute de succès dans la guerre en Ukraine, le scénario d'un départ de Poutine du Kremlin est de plus en plus fréquemment évoqué. Les éditorialistes se demandent, eux aussi, si l'hégémonie du président russe touche à sa fin.
A court d'options
Poutine est dans l'impasse, écrit le journaliste Moise Guran sur son blog :
«Je pense que la guerre en Ukraine pourrait prendre fin dès cette année, soit après une défaite de l'armée russe sur le champ de bataille, soit après son effondrement, suivi très vraisemblablement d'une guerre pour le pouvoir au Kremlin. ... Si Poutine ordonne une nouvelle mobilisation, cela ne fera qu'accélérer l'effondrement des troupes. Dans le cas contraire, il risque de subir une défaite tactique sur le terrain, compte tenu de l'inéluctable offensive ukrainienne qui s'annonce.»
Les vautours planent au-dessus du pouvoir
Le journal en ligne Vajniye istorii s'attend à une période confuse :
«Toutes ces années, Poutine a assuré une sorte d'arbitrage dans les conflits qui opposaient ses collègues. Il s'est employé à maintenir un équilibre instable entre les groupes ennemis, avec une certitude : une fois parti, l'équilibre vacillera et tout ce petit monde se mènera une guerre ouverte. ... Plus la fin de Poutine approche - sa fin politique ou physique -, plus il est probable que les multiples guerres froides que se livrent les différents clans pour le pouvoir s'intensifient. ... Poutine voit le monopole du pouvoir lui échapper et échapper à l'Etat. Outre l'armée et les forces de sécurité, ce sont les soldats de Wagner, les sbires de Kadyrov et les mercenaires de tout poil qui exercent désormais ce pouvoir.»
La possibilité d'un putsch
Il n'est pas exclu que Poutine soit renversé, commente le chroniqueur Fred Kaplan sur Slate :
«A l'instar d'autres dirigeants autoritaires, Poutine excelle à écraser ses détracteurs avant qu'ils ne deviennent des rivaux. Si six officiers devaient organiser un putsch, il faudrait qu'ils soient tous biens convaincus qu'aucun d'entre eux ne va trahir les cinq autres. Et s'il existe la moindre chance que la tête de Poutine finisse au bout d'une pique, c'est probablement la seule manière d'y parvenir. Or, quand ce type de choses se produit, c'est de manière très soudaine. Le complot pourrait être en train de s'ourdir au moment où j'écris ces lignes, et personne n'en saurait rien avant la fin de la nuit des Longs Couteaux.»
Un bilan qui n'émeut pas les Russes
Le nombre de soldats russes morts jusque-là dans la guerre en Ukraine s'élèverait à 110 000, estime le service bulgare de Deutsche Welle, qui se dit choqué par l'ampleur de ce bilan :
«C'est huit fois plus que le nombre de soldats tués pendant les dix ans de la guerre soviétique en Afghanistan [de 1979 à 1989] et deux fois plus que pendant les douze ans de la guerre du Vietnam. Les familles russes connaissent toutes au moins une famille ayant perdu en Ukraine, qui un fils, qui un mari. Combien de morts cette société est-elle prête à déplorer sans broncher ? Le chiffre de 100 000 la laisse visiblement indifférente. Faut-il attendre le chiffre de 500 000 ? Celui d'un million ? Ou celui de trois millions ?»