Italie : débat sur les conditions de détention d'un anarchiste
Condamné pour terrorisme, l'anarchiste italien Alfredo Cospito purge une peine de 20 ans de prison pour un attentat contre une école de Carabiniers et une attaque armée contre un patron. A l'isolement depuis mai 2022, en vertu du "41-bis" - article de loi dont de nombreux juristes réclament la suppression, jugeant ce régime carcéral équivalent à de la torture - Cospito est en grève de la faim depuis des mois. A l'issue d'un vif débat, le détenu vient d'être transféré vers un établissement pénitentiaire où il pourra être soigné.
Le gouvernement joue la montre
Ce transfert est une bonne nouvelle, mais il ne constitue pas un tournant, critique La Repubblica :
«La décision maintient la situation d'impasse, même si elle écarte quelque peu l'hypothèse d'une issue tragique, et reste en deçà de ce qui serait nécessaire. La tactique du gouvernement consiste à jouer la montre, en attendant qu'un protagoniste - la Cour de cassation en l'occurrence - parvienne à tirer les marrons du feu, avec la tenue de l'audience, début mars, qui doit réévaluer l'application du '41-bis' pour Cospito. Il s'agit d'une non-décision qui révèle l'impasse dans laquelle se fourvoie l'exécutif, alors que dans les rues, le niveau de violence des émeutiers anarchistes ne cesse de s'amplifier.»
Il existe un droit à la santé
Le débat sur l'affaire Cospito soulève aussi deux questions clé, fait valoir Avvenire :
«La proportionnalité des mesures afflictives au regard des faits visés par une procédure ou un verdict, et le droit à la santé, que la Constitution reconnaît à tous. Le fait que l'aggravation des conditions de santé résulte d'une décision personnelle - dans le cas de Cospito, une grève de la faim qui dure depuis plus de trois mois - n'a aucune importance. Il faudrait sinon refuser tout traitement à ceux qui tentent de se suicider ou mettent en péril leur propre vie par des comportements inconsidérés. Il faut saluer avec soulagement la décision prise hier par l'administration pénitentiaire, qui suit les préconisations des autorités sanitaires sardes et transfère le militant anarchiste de la prison de Sassari à celle de l'Opera, à Milan, où il pourra être pris en charge et soigné.»