Flambée des prix de l'énergie : Shell double son bénéfice
Le géant pétrolier anglo-néerlandais a réalisé en 2022 un bénéfice record de plus de 38 milliards d'euros, un chiffre deux fois plus élevé qu'en 2021. Cela s'explique avant tout par la forte hausse des prix du pétrole et du gaz suite à l'invasion russe de l'Ukraine. Faut-il dompter l'appétit des multinationales du pétrole ?
Les dividendes, voilà ce qui compte
De Volkskrant regrette que le pétrolier n'investisse toujours que bien trop peu dans les énergies renouvelables :
«Chaque centime investi dans la recherche et l'exploitation de nouveaux gisements de gaz et de pétrole se fait au dépend du climat et vient accélérer le changement climatique. Les températures continuent d'augmenter, c'est inéluctable, mais plus nous continuons à exploiter et à brûler les réserves fossiles, plus les projections deviennent dramatiques. Et non, les mentalités ne changent pas du jour au lendemain. Mais il est décevant de constater qu'une entreprise comme Shell, s'étant toujours félicitée de disposer d'une stratégie basée sur des scénarios à long terme, continue de privilégier la 'valeur actionnariale' à court terme.»
Les entreprises fournissent ce que veulent les consommateurs
Nous ne devrions pas critiquer Shell pour ses bénéfices record, croit savoir The Independent :
«C'est notre faute si nous en sommes arrivés là. Nous sommes accros aux combustibles fossiles. Les entreprises énergétiques se contentent de nous vendre que ce que nous voulons. Il est évident que nous devrions taxer substantiellement les bénéfices excédentaires de Shell et des autres. Cela ne ferait, comme elles l'admettent d'ailleurs, guère de différence dans leurs plans d'investissement. ... Compte tenu de la crise climatique et des progrès décevants réalisés pour atteindre les objectifs de la Cop26 en matière d'émission de CO2, il semble également insensé de leur accorder d'importants allègements fiscaux pour l'exploration de nouveaux gisements de gaz et de pétrole.»
Pour la morale, Shell n'est pas le bon interlocuteur
Ce n'est pas aux groupes énergétiques qu'il faudrait s'en prendre, estime le chroniqueur Stevo Akkerman dans Trouw :
«Jamais, ils ne voudront [payer volontairement plus d'impôts ou soutenir la reconstruction de l'Ukraine], parce que cela va à l'encontre de ce sur quoi notre économie est basée. C'est le milieu dans lequel ils baignent. ... Si nous voulons freiner cette pensée amorale, alors nous ne devrions pas miser sur des entreprises comme Shell, même s'il serait souhaitable qu'une entreprise prenne l'initiative. ... Nous devons nous adresser aux politiques. Il faudra qu'ils s'attellent davantage encore à se libérer des intrications qui les lient aux grandes puissances économiques.»