Et si la Hongrie bloquait l'élargissement de l'OTAN ?
Après des mois d'atermoiements, le Parlement hongrois va se consacrer cette semaine à la demande d'adhésion à l'OTAN de la Finlande et de la Suède. Jusqu'à présent, le pays a joué la montre et reste le dernier Etat de l'UE à ne pas avoir ratifié l'adhésion. Un vote est attendu pour la semaine prochaine. L'enjeu est de taille, estiment les commentateurs.
Budapest provoquerait l'ire générale
Contributors vilipende tout éventuel barrage hongrois à une adhésion :
«Dans un tel cas de figure, le Parlement dominé par le Fidesz ferait des entorses aux multiples engagements pris par le pays, et trahirait la confiance des alliés de l'OTAN, des citoyens européens et des Hongrois qui vivent dans l'Ukraine voisine. Il déshonorait la mémoire de toutes celles et tous ceux qui ont participé aux insurrections de 1956 pour défier le Poutine de l'époque. Il manquerait également de respect envers les prochaines générations de Hongrois qui devront probablement vivre dans un monde instable - sous le regard réprobateur des Européens.»
On a laissé les coudées franches à Orbán
Cette temporisation dans le processus d'adhésion ne devrait pas être une surprise pour l'alliance et l'UE, estime Helsingin Sanomat :
«Orbán anéantit le front occidental de l'intérieur, sans aucune retenue. Dans ce contexte, l'UE ne peut s'en prendre qu'à elle-même. Si Orbán reste au pouvoir en Hongrie, c'est grâce aux fonds de l'Union, à la corruption et au pouvoir du Fidesz. Un mécanisme visant à garantir l'Etat de droit dans l'UE avait été adopté pour lutter contre les développements autoritaires en Hongrie et en Pologne, mais il n'a pas été utilisé correctement. L'OTAN aurait également dû remettre les autocrates à leur place quand il était encore temps, car désormais, ils prennent l'alliance militaire en otage à un moment critique.»
L'élargissement n'est plus qu'une formalité
Ces atermoiements ne vont pas mettre un terme au processus, estime l'économiste et ancien ministre des Finances Lajos Bokros dans Élet és Irodalom :
«La guerre impérialiste menée par la Russie a considérablement renforcé l'unité de l'Occident au lieu de l'affaiblir. La Suède et la Finlande ont fait une demande d'adhésion à l'OTAN, mais dans les faits, c'est comme si elles faisaient déjà partie de l'alliance, même si le processus est juridiquement retardé par le veto turc et les pavanements du Premier ministre hongrois.»