La Suédoise Loreen remporte l'Eurovision 2023
La chanteuse suédoise Loreen a remporté samedi soir le Concours Eurovision de la chanson, qu'elle avait déjà gagné en 2012. Son titre, Tatoo, a conquis le jury. Le chanteur finlandais Käärijä a pour sa part obtenu les faveurs du public. L'Eurovision, concours fédérateur ou comble du kitsch ? La question continue de diviser les chroniqueurs...
Käärijä, déjà une légende
Bien qu'arrivé en deuxième place, le candidat finlandais a fait beaucoup pour son pays, assure Ilta-Sanomat :
«Si Käärijä n'a pas remporté l'Eurovision, il n'en est pas moins entré dans la légende du concours. Sa chanson sera jouée et célébrée dans les 'soirées Eurovision' durant des années. Mais ce que Käärijä a fait pour la Finlande est plus important encore que d'avoir gagné le concours : il a créé un phénomène et plongé le peuple finlandais dans une véritable ferveur collective. ... Lors de sa participation à l'Eurovision, Käärijä nous a appris que le vert était une couleur formidable, mais aussi et surtout qu'il faut se réjouir d'être soi-même et de s'amuser ; qu'on a le droit de parler un anglais approximatif, de s'enlacer, mais aussi de dire que l'on est fatigué.»
Exactement ce dont on a besoin
Après la victoire de Loreen, la Suède organisera l'Eurovision l'année prochaine. Si les dépenses liées à son organisation sont lourdes, celles-ci en valent la peine, assure Dagens Nyheter :
«Les Britanniques ont organisé un concours impressionnant cette année - fastueux, professionnel, marquant - et ils ont placé la barre très haut pour [la chaîne publique suédoise] SVT. Mais SVT a déjà organisé un superbe concours en 2016, rappelons-le. Il faudra aussi débattre des priorités financières des chaînes publiques - SVT doit en effet épargner 100 millions de couronnes (environ 9 millions d'euros) d'ici 2025, et ce alors qu'on devra produire l'Eurovision en 2024. Mais pour bien lancer ce débat, il faut reconnaître que l'Eurovision est précisément ce que l'audiovisuel public doit privilégier : un programme drôle, naïf, instructif et international.»
Peu marquant et vite oublié
Lidové noviny se montre peu enthousiaste :
«L'Eurovision bénéficie d'un public important dans de nombreux pays. Il est organisé aujourd'hui par des chaînes réunies au sein de l'Union européenne de radio-télévision (UER), et il serait déplorable qu'il ne bénéficie pas d'une publicité suffisante. Mais l'Eurovision ne dit rien de l'état actuel du monde, ou du moins de la scène de la pop européenne. ... Si vous vous retrouvez pris dans une dispute avec des laudateurs du prestige présumé de l'Eurovision, n'hésitez pas à leur poser deux questions clés : 'Rappelez-vous du vainqueur de l'année dernière ? Et si oui, pouvez-vous nommer au moins une autre chanson, en plus de celle qui l'a emporté ?»
Un astre mort
Causeur y voit un concours sans charme et sans intérêt :
«L'Eurovision n'est ni une célébration de la chanson, ni une célébration de l'Europe. Plutôt qu'un forum de la diversité et de la créativité musicales européennes, le concours s'avère davantage une vitrine de l'uniformisation anglo-saxonne mâtinée de discours pseudo-engagés et convenus. … En bref, le concours de l'Eurovision présente l'image parfaite d'une Europe forcément a-nationale, mais surtout a-culturelle: un élément vide, neutre, indistinct, sans caractère propre, qui ne brille que par réfraction des influences extérieures. Un astre mort.»