Elections anticipées en Espagne : la bataille commence
La campagne des élections législatives, avancées au 23 juillet, a débuté en Espagne. Le parti conservateur PP, vainqueur des dernières élections municipales et régionales, ne s'est pas encore prononcé sur une éventuelle coalition avec le parti d'extrême droite Vox. Il se focalise sur la défaite du Premier ministre, Pedro Sánchez, et des socialistes. De son côté, Sánchez veut unir l'électorat de gauche contre Vox.
La destitution de Sánchez n'est pas un programme politique
El País critique la campagne menée par le PP :
«Le slogan 'L'Espagne ou Sánchez' [du président du PP] Alberto Núñez Feijóo est dangereux. Il rappelle les pires moments [de la dictature franquiste], car il revient à faire passer la moitié de la population comme anti-espagnole. ... L'Espagne de 2023 a pourtant besoin d'un gouvernement capable de représenter une majorité divisée sur le plan politique et de la faire coexister malgré ses divergences. ... En ces temps de bouleversements sanitaires, géopolitiques et économiques, le gouvernement a mené une politique sociale-démocrate de redistribution des richesses, selon les lignes directrices de Bruxelles. Les données économiques sont clairement positives. ... La chute de Sánchez n'est pas un programme politique.»
Faire barrage à la droite en dernier recours
Pour Svenska Dagbladet, Sánchez met en place une stratégie audacieuse en rassemblant les partis de gauche contre les conservateurs :
«Pour ce qui est de la droite, Sánchez a lancé une campagne visant à présenter Vox, l'allié du PP, comme un parti fasciste. S'il parvient à orienter le débat sur cette voie, il a une chance de survivre politiquement. Il a conscience d'être très impopulaire au sein de la gauche, et il faut bien 'forcer' les électeurs de gauche à opter pour le moindre mal. ... Les commentateurs politiques, de droite comme de gauche, admirent - à contrecœur - le plan de Sánchez visant à sauver sa peau.»
Le PP et Vox ont perdu la bataille des idées
eldiario.es déplore la mémoire courte des électeurs :
«Peu importe tout ce qui a été accompli ces quatre dernières années, il n'y a que ces deux dernières semaines qui comptent. ... Si les électeurs s'intéressaient un tant soit peu au bilan réalisé - population active (la plus élevée de l'histoire), inflation la plus basse d'Europe, rayonnement du pays à l'international-, ils se déclareraient satisfaits. ... C'est en tout cas ce qu'ils racontent dans les enquêtes d'opinion, y compris parmi les électeurs du PP : ils avalisent majoritairement l'augmentation des retraites et du salaire minimum. Mais l'objectif est de leur faire oublier qu'ils sont de cet avis. Ayant constaté qu'elles ont perdu la bataille des idées, la droite et l'extrême droite sont obligées d'attirer l'attention ailleurs.»