Des hélicoptères bélarusses dans l'espace aérien polonais ?
Selon la Pologne, deux hélicoptères militaires venus du Bélarus voisin auraient violé mardi l'espace aérien du pays. Varsovie y voit une provocation délibérée. Une accusation rejetée par le ministère bélarusse de la Défense, indiquant que la Pologne cherche un prétexte pour militariser la frontière. Les éditorialistes y voient l'amorce d'une escalade dangereuse.
Défendre l'espace aérien de l'OTAN et améliorer la coordination
Bogusław Chrabota, rédacteur en chef de Rzeczpospolita, exige que des conséquences soient tirées :
«Les leçons à retenir de cet incident ? Tout d'abord, en se posant en homme fort et en médiateur, Loukachenko a mis en lumière à bon compte la faiblesse de l'OTAN. Car qu'est-ce qu'une alliance militaire si des hélicoptères de combat étrangers peuvent voler en toute tranquillité dans ses cieux ? Deuxièmement, nous avons la preuve du type d'armement dans lequel nous devons investir. Nous avons besoin de systèmes de surveillance et de défense de l'espace aérien polonais. Troisièmement, il est nécessaire de renforcer l'interaction et la coopération avec l'OTAN, notamment en déplaçant des équipements de l'alliance vers notre frontière orientale.»
Un signe de faiblesse vis-à-vis du Kremlin
Ukraïnska Pravda s'étonne de la réaction timorée de l'OTAN :
«Ces hélicoptères appartiennent officiellement à l'armée bélarusse et portent l'insigne de ce pays, mais ce n'est pas à Minsk, mais bien à Moscou, que l'on attend de voir les réactions à cet incident. Et ce qui importe pour Moscou, c'est qu'il ne s'agit pas seulement d'une violation de la frontière polonaise, mais aussi de celle du tant loué 'flanc oriental de l'OTAN', dont la protection a été garantie par les Etats-Unis. ... L'incident du 1er août, qui n'a donné lieu à aucune réaction appropriée, envoie dès lors un signal clair au Kremlin : celui-ci peut accroître impunément son engagement. L'OTAN et les Etats-Unis ne broncheront pas.»
Le corridor de tous les dangers
Les tensions s'étendent de la Pologne aux pays baltes, prévient La Stampa :
«Les Etats baltes envisagent déjà de fermer militairement leurs frontières et les gardes-frontières lettons ont commencé à former une unité spéciale pour faire face à la menace des miliciens de Prigojine. ... Le Premier ministre polonais, Mateusz Morawiecki, rencontrera aujourd'hui le président lituanien, Gitanas Nauséda, à Suwałki, en Pologne. C'est là, dans le corridor de Suwałki, qui jouxte directement l'enclave russe de Kaliningrad, que les deux politiques discuteront de la situation sécuritaire à la frontière avec le Bélarus et de la manière de réagir à d'éventuelles provocations.»
Une honte pour le PiS
Gazeta Wyborcza estime que le gouvernement polonais a fait preuve d'une grande négligence :
«Tout cela s'est produit à un moment où le gouvernement PiS met en garde contre les provocations du Bélarus. ... Lors de réunions électorales destinées aux familles, le Premier ministre Mateusz Morawiecki a parlé d'une centaine de mercenaires du groupe Wagner qui se dirigeaient vers le corridor stratégique de Suwałki, la zone frontalière polono-lituanienne qui sépare la région de Kaliningrad du Bélarus. Morawiecki a ajouté que seul PiS était en mesure de protéger la Pologne d'une telle menace. On ne peut s'empêcher de penser que Loukachenko et ses commanditaires russes veulent mettre ces propos à l'épreuve.»