Proche-Orient : controverse après les propos de Guterres à l'ONU
Une pluie de critiques s'est abattue sur le secrétaire général de l'ONU suite à son discours prononcé à propos du conflit au Proche-Orient. Si dans sa prise de parole, Antonio Guterres a qualifié l'attaque du Hamas d''abominable', il a également dénoncé "l'occupation oppressante" des territoires palestiniens. 'Cette attaque ne vient pas de nulle part', a-t-il déclaré. Dans la presse, les réactions sont très partagées.
Guterres a perdu tout sens de la mesure
Süddeutsche Zeitung comprend la réaction ulcérée de l'ambassadeur israélien aux Nations unies, Gilad Erdan :
«En sa qualité de secrétaire général de l'ONU, Guterres se voit avant tout comme l'avocat des plus faibles. C'est un principe noble, mais qui lui a fait faire fausse route ici. Lorsque que le chef de la diplomatie mondiale ne condamne pas immédiatement et explicitement les atrocités commises par le Hamas dans un tel cas de figure, on peut dire qu'il a perdu la raison. Si Guterres a bien évidemment condamné la violence des terroristes au cours de son intervention, il n'en a pas moins relativisé l'attaque.»
A la hauteur de ses responsabilités
Guterres a trouvé les mots qu'il fallait, estime le quotidien taz :
«Il est du devoir du secrétaire général de prendre position lorsqu'un conflit éclate, afin que tous les acteurs, Israël compris, protègent la population civile. Au vu de la situation à Gaza, Guterres n'aurait pas assumé ses responsabilités s'il ne s'était pas exprimé dans ces termes. ... Il n'a en aucun cas dénié à Israël le droit de se défendre contre la terrible attaque du Hamas et de tout mettre en œuvre pour libérer les quelque 220 otages détenus par les terroristes à Gaza. ... Mais il est nécessaire de faire valoir l'équité, et c'est ce que nous a rappelé Guterres, à juste titre.»
Israël fait la sourde oreille
L'Etat hébreu ne peut récuser toutes les critiques, fait valoir The Irish Times :
«Le droit d'Israël à se défendre ne saurait être contesté, mais le pays ne peut s'affranchir de certaines règles. En assimilant volontairement n'importe quelle critique à un soutien au Hamas, Israël fait la sourde oreille non seulement à ses voisins dans la région et aux partisans de la paix dans le pays, mais aussi à ses amis et alliés les plus proches, comme les Etats-Unis et l'UE, qui le préviennent qu'une offensive à Gaza, bien que compréhensible, pourrait s'avérer tout à fait contreproductive.»
Un point de vue largement partagé
Guterres n'est pas le seul à adopter cette position, déplore Corriere della Sera :
«Partout dans le monde, on observe une vague anti-israélienne et de plus en plus antisémite d'une amplitude inquiétante. Une vague qui a même déferlé sur le sommet des Nations unies, lors duquel le secrétaire général António Guterres, sans répandre des clichés anti-juifs, a tout de même déclaré que l'attentat du 7 octobre était une réponse à 'cinquante-six ans d'une occupation israélienne oppressante'. ... Une infamie. Des paroles avec un sous-entendu indéniablement justificateur. ... Mais Guterres n'est pas le seul à penser ainsi. ... D'éminents personnages aux quatre coins de la planète - y compris en Occident - suivent le 'modèle Guterres' et étayent chaque jour un peu plus cette vision effrayante de ce qui se passe en Israël.»
Un prise de position courageuse contre l'indifférence
Dans Público, le conseiller politique Gonçalo Ribeiro Telles se range du côté de Guterres :
«Beaucoup préféreraient que Guterres tienne un discours insipide et que la voix de l'ONU sur ces questions reste anodine, comme c'est le cas depuis des décennies. C'est ce contre quoi Guterres se bat, et ce dans les situations les plus corsées. L'Europe devrait le soutenir, en faisant valoir que si Israël pratique une sorte de 'cancel culture' pour neutraliser le secrétaire général de l'ONU suite à sa prise de parole courageuse et sans équivoque, il franchira une nouvelle ligne rouge.»