Entrée de la Roumanie et de la Bulgarie dans l'Air Schengen ?
La proposition de l'Autriche s'est imposée à Bruxelles : fin mars 2024, les contrôles de personnes dans les déplacements au sein de l'UE vers ou depuis la Bulgarie et la Roumanie seront supprimés. Cette libre circulation ne concernera toutefois que les aéroports et les frontières maritimes. A l'avenir, les deux pays devront déployer davantage d'efforts pour protéger les frontières extérieures de l'UE et recevront des moyens supplémentaires à cet effet. S'agit-il d'une étape bienvenue sur la voie d'une adhésion complète à Schengen ?
Pas de véritable solution en vue pour la Roumanie
Les principaux obstacles demeurent, peut-on lire sur republica.ro :
«Le vrai problème est de nature économique et ne sera résolu que lorsque notre pays pourra rejoindre l'espace Schengen à ses frontières terrestres. ... Cette intégration partielle ne va pas nous apporter beaucoup d'avantages, si ce n'est que la classe politique pourra en faire un instrument populiste. A tous ceux qui l'ignoreraient encore, rappelons que les entreprises de transport perdent chaque année deux milliards d'euros du fait que la Roumanie n'est pas dans l'espace Schengen. Cela représente environ 20 pour cent de leur chiffre d'affaires. Et il faut également se mettre en tête qu'une fois que cette adhésion a minima aura été entérinée, il y a fort à parier que Schengen sera rayé de la liste de priorités de l'UE.»
Un accord inacceptable pour la Bulgarie
En contrepartie de son feu vert, l'Autriche avait demandé la prise en charge de demandeurs d'asile supplémentaires par la Roumanie et la Bulgarie. Le journal Troud fait part de son mécontentement :
«Les Autrichiens eux-mêmes ont affirmé qu'une adhésion au niveau aérien ne les dérangeait pas, car les passeurs empruntent les frontières terrestres. Son message est donc clair comme de l'eau de roche : elle nous donne les Afghans et les Syriens tout en fermant les frontières par lesquelles ils pourraient quitter le sol bulgare. Chapeau bas ! ... En tant que membre de l'UE, nous aurions dû être acceptés dans l'espace Schengen sans aucune condition. Au lieu de cela, nous sommes traités comme des Européens de seconde zone censés accueillir des centaines de milliers [sic !] de migrants. Et personne ne s'en offusque.»
Une étape importante en des temps difficiles
Pour Club Z, il ne faut pas minimiser cette nouvelle donne :
«A une autre époque, on aurait certes pu parler d'échec. Mais au vu des deux guerres qui font rage à proximité de la Bulgarie, de l'essor du populisme et de l'extrême droite en Europe et de l'accession au pouvoir par les partis eurosceptiques, cette adhésion partielle à Schengen est une occasion que nous aurions eu tort de laisser passer. ... Selon des sources roumaines, l'Autriche serait prête à lever son veto après les élections législatives de l'automne. Mais on ne sait pas à ce jour qui fera partie du gouvernement de Vienne à ce moment-là, et si cet engagement sera encore valable. C'est pourquoi Sofia a déjà décidé d'accepter une adhésion partielle. La Bulgarie et la Roumanie feront ainsi partie des systèmes d'information Schengen, et dans ce cas de figure, il paraît peu probable qu'elles restent indéfiniment bloquées dans l'antichambre.»