France : vers la suppression du droit du sol à Mayotte ?
Le ministre français de l'Intérieur, Gérald Darmanin, entend restreindre fortement le droit à la citoyenneté dans le territoire d'outre-mer de Mayotte, par le biais d'une révision constitutionnelle. Ce principe se traduit par l'acquisition automatique de la citoyenneté à la majorité pour les enfants qui sont nés et ont grandi sur le territoire français. L'initiative divise les chroniqueurs.
Dangereux et inefficace
Mediapart considère cette décision comme une rupture majeure :
«Pour pallier l'incapacité des pouvoirs publics à faire face à l'explosion économique et sociale d'un territoire abandonné par la métropole, Emmanuel Macron est prêt à toucher au cœur du réacteur de notre pays, au risque de mettre en cause deux de nos principes fondamentaux : l'indivisibilité de la République et l'égalité des citoyens et citoyennes. C'est à la fois contraire à notre histoire, dangereux et inefficace. ... Les principes d'égalité des droits et d'unicité du territoire n'ont pourtant pas été inventés pour rien. Il est grand temps de dénoncer les relents de xénophobie et de racisme découlant de leur mise en cause et de prendre conscience des risques que de tels accrocs font prendre à notre République.»
Pourquoi pas dans toute la France ?
Le Figaro évoque les difficultés d'une révision constitutionnelle et suggère une mesure qui aille encore plus loin :
«On sait la procédure longue et semée d'embûches. Le débat s'annonce houleux, en présence d'une majorité relative et tiraillée. La gauche est déjà vent debout contre ce qu'elle interprète comme une violation du principe d'égalité des territoires. Quant à la droite, elle devrait logiquement exiger que la suppression du droit du sol soit étendue à tout le pays. A Mayotte, comme partout en France, pourquoi l'attribution de la nationalité serait-elle un dû ?»