L'Espagne veut régulariser 500 000 sans-papiers
En Espagne, un demi-million d'immigrés sans titre de séjour pourraient obtenir des droits comparables à ceux des citoyens espagnols. L'examen d'une initiative législative populaire en ce sens a été acceptée à une écrasante majorité par la chambre basse du Parlement, mardi. Si le Sénat valide la décision, les immigrés entrés sur le territoire avant le 1er novembre 2021 bénéficieront d'un droit de séjour et de travail, ainsi que de l'accès aux prestations sociales. Les commentateurs saluent un consensus transcendant les clivages politiques.
En porte-à-faux avec la politique européenne
El Mundo est divisé :
«C'est une décision qu'il faut saluer parce qu'elle est le fruit d'un consensus politique, mais aussi parce qu'elle a été impulsée par la société civile ainsi que par l'Eglise. ... C'est une question de justice sociale, d'autant que les flux migratoires sont un facteur de réussite économique. ... Au demeurant, cette régularisation massive est difficilement conciliable avec le cadre politique de l'UE, ce qui est particulièrement délicat compte tenu de la situation de l'Espagne, à la frontière méridionale de l'UE. Hier, le Parlement européen a adopté un nouveau pacte migratoire conspué par des centaines d'ONG. En substance, il prévoit surtout un durcissement des conditions d'entrée sur le continent, pour réduire les arrivées irrégulières.»
Un modèle probant
El Español se félicite de la décision :
«On cherchera en vain des arguments valables contre l'objectif de cette initiative populaire, basée sur les requêtes des employeurs et des associations qui s'occupent des migrants. ... Nous avons besoin d'une politique migratoire équilibrée qui, d'une part, crée une incitation pour attirer la main d'œuvre, et d'autre part en encourage l'intégration, pour éviter les tensions dans la société susceptibles d'être exploitées par des forces radicales. ... La vaste adhésion à cette régularisation montre que dans notre pays, la xénophobie est très faible. ... Il est donc réjouissant que la question migratoire, manipulée dans beaucoup de pays européens par des formations politiques extrémistes, fasse en Espagne l'objet d'un consensus politique.»