OTAN : Mark Rutte prendra probablement la tête de l'alliance
Après la Hongrie et la Slovaquie, la Roumanie est le dernier pays membre de l'OTAN à avoir annoncé jeudi soutenir l'élection de Mark Rutte au poste de secrétaire général. Le président roumain, Klaus Iohannis, s'était également porté candidatà la succession de Jens Stoltenberg, resté en fonction pendant dix ans. La presse européenne est convaincue que le Premier ministre néerlandais sortant Mark Rutte est l'homme de la situation.
Un politique passé maître dans l'art de la coalition
Mark Rutte est l'homme d'action dont l'OTAN ne saurait se passer, croit savoir De Telegraaf :
«Le secrétaire général de l'OTAN doit constamment 'poldern' - [impliquer toutes les parties dans la recherche de solutions] pour parvenir à des compromis entre les Etats membres. Un jeu d'enfant pour Mark Rutte. ... Au-delà des frontières néerlandaises, Rutte a démontré une capacité exceptionnelle à forger des coalitions pour atteindre ses objectifs. Au sein de l'UE, il a notamment joué un rôle clé dans la conclusion des accords migratoires avec la Turquie et la Tunisie. Ces dernières années, il a su rassembler des alliés pour organiser la livraison d'avions F-16 et de systèmes de défense antiaérienne à l'Ukraine.»
Une chance pour l'Alliance
Kleine Zeitung estime aussi que Mark Rutte possède toutes les qualités requises pour un poste qui promet d'être exigeant :
«Au-delà du défi permanent que représente la guerre en Ukraine, une épreuve majeure pourrait attendre Mark Rutte dès novembre. En effet, si Donald Trump remporte les prochaines élections, il tentera non seulement de laisser aux Européens le soin de soutenir l'Ukraine, mais cherchera également à remettre en cause les principes mêmes del'OTAN. Dans ce contexte, Mark Rutte pourrait se révéler une chance pour l'Alliance. Surnommé 'Mark Téflon", il a également la réputation d'être un habile négociateur et de savoir gérer Trump, en lui murmurant à l'oreille la conduite à avoir, ce qui a mainte fois permis d'éviter le pire.»
Le sens de la communication, un facteur décisif
Denník Postoj jette un regard en coulisses :
«Le feu vert avait déjà été donné au printemps, sa nomination ayant été approuvée par les 'Big Four' – Etats-Unis, Grande-Bretagne, France et Allemagne. Selon le quotidien polonais Rzeczpospolita, ces pays auraient notamment écarté la candidature de Kaja Kallas, la Première ministre estonienne, par crainte de sa position trop intransigeante envers la Russie. La principale motivation derrière ce choix réside dans la nécessité de maintenir des canaux de communication ouverts, non seulement avec Vladimir Poutine mais aussi avec Donald Trump. Mark Rutte apparaît comme l'homme idéal pour cette mission délicate.»
Un fin négociateur
La Stampa anticipe les défis à venir pour Mark Rutte :
«Connu pour son intransigeance dans les négociations au sein de l'UE, ce Monsieur 'Non' devra désormais se transformer en grand médiateur, capable de jeter des ponts entre l'Europe et les Etats-Unis. Celui qui est connu comme le 'roi des Frugaux', toujours prompt à réprimander les 'dépensiers' du Sud devra bientôt s'envoler pour Rome afin de convaincre le gouvernement italien d'augmenter son budget de défense. ... Pour Rutte, un obstacle de taille [le retrait du veto d'Orbán contre Rutte] avait déjà été franchi après sa rencontre en tête-à-tête avec Victor Orbán. ... Le futur secrétaire général de l'OTAN a effectivement envoyé un courrier à Orbán dans lequel il a reconnu la 'précieuse contribution' de la Hongrie à l'Alliance atlantique. Cette missive illustre parfaitement les talents de négociateur de Rutte, prêt à tout pour parvenir à un accord.»
Il a retenu la leçon
Anna Słojewska, correspondante à Bruxelles de Rzeczpospolita, prend la défense de Rutte face à ceux qui lui reprochent une attitude complaisante à l'égard de la Russie :
«C'est vrai, par le passé, Mark Rutte a dit qu'il n'y avait rien de répréhensible à faire des affaires avec Poutine. Je ne l'applaudis pas sur ce point, c'est une attitude indigne. Mais il n'est pas le seul occidental à s'être trompé sur le compte de Poutine. Il n'a pas vécu ce qu'ont vécu les Européens de l'Est. Mais après le crash du vol MH17 de la Malaysia Airlines en 2014, qui transportait beaucoup de touristes néerlandais, il a fait amende honorable. Par la suite, c'est en effet lui qui a posé la première pierre d'une coalition de pays prêts à fournir à l'Ukraine des avions F-16, d'une certaine manière contre l'avis des Etats-Unis.»
Pourquoi cette farce roumaine ?
Le service roumain de Deutsche Welle pointe les nombreuses interrogations soulevées par la nouvelle du retrait de la candidature de Iohannis au poste de Secrétaire général de l'OTAN :
«N'était-elle qu'une simple manœuvre de la part de l'appareil diplomatique et des services secrets roumains, pour que la Roumanie en tire quelque profit ? Etait-ce un subterfuge pour que le président obtienne un poste de haut rang au sein de l'Union européenne, cette candidature ridicule n'était-elle finalement qu'une mise en scène ? Ou bien s'agissait-il d'orchestrer délibérément son échec ? Mais surtout, qui sont les responsables de ce drôle de jeu qui donne l'impression que l'OTAN ne parle pas d'une seule voix dans cette affaire ?»