Euro 2024 en Allemagne : l'hôte a-t-il été à la hauteur ?
Pendant un mois, l'Allemagne a accueilli le Championnat d'Europe de football. Assez de temps pour se montrer sous son meilleur jour. Mais un certain nombre de dysfonctionnements ont été au rendez-vous. En raison d'un retard de train, une conférence de presse des Pays-Bas avant la demi-finale contre l'Angleterre a même dû être annulée. Le bilan de la presse européenne.
L'Allemagne a perdu son avance technologique
Melanie McDonagh, chroniqueuse au quotidien The Daily Telegraph, évoque les difficultés rencontrées par les visiteurs dans le pays hôte :
«Si l'Euro nous a montré une chose, c'est bien que l'Allemagne n'est pas aussi géniale qu'on le dit. Une grande source d'étonnement pour les supporteurs qui ont sillonné le pays pour assister aux matchs n'a pas été les impressionnants lieux de mémoire du passé allemand, surtout à Berlin, mais les retards quasi-systématiques des trains. Un train sur deux n'arrive pas à l'heure. Le réseau de téléphonie mobile est surprenant par son caractère aléatoire, de même que le paiement par carte bancaire. ... Le seul aspect positif, c'est que la prochaine fois que quelqu'un prononcera la formule mythique [du constructeur automobile Audi] 'L'avance par la technologie', nous aurons toute légitimité de lui répondre que c'est pure foutaise.»
Sous le signe de la fête
Pour Deutschlandfunk, cet Euro 2024 a été le tournoi des supporters :
«Ils lui ont imprimé leur marque par leurs couleurs et leurs chants et transformé beaucoup de villes et de stades en lieux magiques, quatre semaines durant. C'était comme un retour en force de l'ambiance des supporters après deux tournois très difficiles. Après l'Euro 2021, il y a trois ans, qui avait pâti des restrictions sanitaires et du fait que l'UEFA avait eu l'idée lumineuse de répartir les matchs entre onze pays. Et à plus forte raison encore après la Coupe du monde au Qatar, où des figurants avaient été payés pour remplir les stades et jouer les supporters. Lors de ce Mondial au Qatar, on a vu autant de ferveur des supporters que de bonhommes de neige dans le désert. ... L'Euro en Allemagne a donné à voir tout le contraire : ce fut une grande fête pour les fans.»
Un dédain déplacé envers les Polonais
L'Euro n'aura pas réussi à améliorer l'image de l'Allemagne en Pologne, souligne Rzeczpospolita:
«Qu'est-ce qui a le plus heurté la sensibilité de l'opinion polonaise ces derniers jours ? La reconduction de migrants vers la frontière [polonaise] dans des véhicules de police ? Ou la visite du chancelier allemand Olaf Scholz, et ses propositions de réparations, qu'il est difficile d'interpréter comme autre chose que du mépris envers les Polonais. ... Il est difficile d'aimer les Allemands en Pologne - il faut dire qu'ils ne nous facilitent pas la tâche. Ils sont avares de gestes symboliques, font régulièrement cause commune avec la Russie et ne manquent pas une occasion de nous rappeler que notre place n'est certainement pas au premier rang.»