Football : comment l'Espagne a remporté l'Euro 2024

Après la victoire 2:1 de l'Espagne contre l'Angleterre en finale du Championnat d'Europe de football à Berlin, la presse européenne se penche sur les éléments, au-delà parfois du simple domaine sportif, qui ont rendu ce sacre possible.

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Süddeutsche Zeitung (DE) /

La cohésion des régions

L'équipe victorieuse est aussi l'incarnation de ce qu'est l'Espagne aujourd'hui, juge Patrick Illinger, correspondant de Süddeutsche Zeitung à Madrid :

«Cette équipe, dont les joueurs ont coopéré en véritable symbiose, a montré ce que les politiques espagnols revendiquent souvent sans parvenir eux-mêmes à l'incarner : la 'convivencia', le vivre-ensemble. Et cela, elle ne l'a pas seulement fait en montrant que le pays ne serait pas ce qu'il est sans l'immigration. Il y a aussi un contexte inhérent au pays : Williams joue pour Bilbao, au Pays basque, Yamal pour Barcelone, en Catalogne, Carvajal pour le Real Madrid. La cohésion a prévalu là où les clivages politiques s'imposent souvent, entre les régions aux velléités séparatistes et la 'métropole' castillane. Mais dimanche, c'est toute l''España' qui a gagné.»

The Times (GB) /

Un vivier de talents

Les succès de l'Espagne dans le sport de haut niveau ne sont pas fortuits, juge The Times :

«Le royaume pâtit peut-être d'un système politique dysfonctionnel et d'un chômage élevé, mais ses académies savent comment former des joueurs : détection précoce, priorité donnée à l'intelligence, accompagnement vers le football professionnel, qui garantit aussi la pérennité de leur apprentissage. ... L'idée selon laquelle l'acquis compte autant que l'inné s'applique aussi à d'autres disciplines. Le triomphe de Carlos Alcaraz à Wimbledon, plus tôt dans la journée, a montré l'efficacité d'un système qui lui a fait taper dans la balle dès l'âge de quatre ans.»

El País (ES) /

La victoire de l'intégration

El País est dithyrambique :

«Cet Euro ne pouvait échapper à l'Espagne : cette équipe est devenue la référence mondiale d'un football moderne, courageux et exaltant. … Lamine Yamal, 17 ans, et Nico Williams, 22 ans, ont donné de l'élan au jeu et captivé le jeune public. Les deux joueurs ont aussi permis de révéler les contradictions des partis d'extrême droite dans le débat sur l'immigration et le racisme croissant en Europe. … L'intégration a triomphé du sectarisme, et ce également dans la façon de jouer, qui n'avait rien à voir ni avec la colère du passé, ni avec les tendances actuelles à la vanité ou à l'égocentrisme. Les qualités intrinsèques des footballeurs ont été privilégiées et le travail d'équipe mis en avant. … Un football solidaire.»