La France toujours sans gouvernement

Un mois et demi après la victoiredu NFP aux législatives, aucune majorité gouvernementale ne se dégage en France. Emmanuel Macron devrait recevoir vendredi Lucie Castets, candidate désignée par le NFP pour le poste de Premier ministre, mais le camp présidentiel aspire à la formation d'un "front républicain centriste" pour empêcher la participation du parti de gauche radicale LFI au gouvernement. Certains éditorialistes perdent patience.

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Le Point (FR) /

Mieux vaut pas de gouvernement qu'un mauvais gouvernement

Ne pas avoir de gouvernement présente aussi des avantages, assure Le Point :

«Il aura fallu attendre 2024 pour constater les bienfaits d'une longue transition, sans équipe ministérielle cherchant à prouver quotidiennement aux électeurs l'intérêt de son existence. Sans 'grande loi' en discussion au Parlement. Sans 'grand plan' concocté à Matignon. Sans 'grande réforme' à sortir des tiroirs à la rentrée. ... Les citoyens peuvent dormir tranquilles, l'économie ne s'en portera que mieux. Tant il est vrai qu'il est préférable de ne pas être gouverné du tout que d'être mal gouverné.»

Le Figaro (FR) /

Jouer la montre ne résoudra pas les problèmes

Le Figaro appelle à hâter le pas :

«En attendant, les députés profitent de leurs vacances et l'indifférence gagne les Français, encore grisés par des Jeux olympiques réussis sans gouvernement. Pourquoi ne pas continuer comme ça ? Dangereuse illusion. Car, dans la vie réelle, les défis de la France sont immenses : redressement budgétaire, crise du logement, lutte contre l'immigration illégale, réindustrialisation, soutien de l'école et des hôpitaux, transition écologique… Notre pays a besoin d'un gouvernement. Et vite.»

Efimerida ton Syntakton (GR) /

Une crise évidente du parlementarisme

Efimerida ton Syntakton critique l'action du président français :

«Macron continue de présider et de gouverner tranquillement, comme si rien ne s'était passé, comme s'il n'y avait pas eu d'élections - comme s'il n'y avait pas de gouvernement, de Premier ministre, de Parlement, de partis politiques : 'L'Etat, c'est moi !' De ce point de vue, la France reste un 'exemple', celui du phénomène plus global observé ces 20 dernières années, marqué par la crise de la démocratie représentative bourgeoise et du parlementarisme libéral. ... Après la dissolution du Parlement et la convocation d'élections anticipées qu'il a lui-même provoquées, Macron nous dit de but en blanc et avec impudence que le fonctionnement de la Ve République et la légitimation des institutions étatiques ne nécessitent ni des élections, ni l'Assemblée nationale, ni des partis politiques.»

L'Opinion (FR) /

L'immobilisme n'est pas une option

Il est impératif de faire des propositions viables, assène L'Opinion :

«Ne pas attendre sauf à renforcer le Rassemblement national. Le spectacle pitoyable à gauche et la tentative d'ostracisation des députés d'extrême droite par le centre ne peuvent qu'alimenter la colère d'un électorat aussi affligé que dégoûté. Ne pas attendre parce que l'immobilisme n'est pas une option. Bientôt sous procédure de déficit excessif, le pays n'a pas les moyens de se payer une crise budgétaire, et encore moins d'affronter une tornade financière. Après tout, le Président a choisi seul le moment de la dissolution. Il a perdu. Et s'il croit encore – par une coalition autour du bloc central – pouvoir transformer cet échec en victoire, il ne doit pas le faire en organisant un atermoiement de confort, au prix d'usages républicains bafoués.»

La Croix (FR) /

Un nécessaire temps de maturation

Les processus démocratiques requièrent du temps, tempère La Croix :

«La séquence rappelle simplement que le choix d'un premier ministre, la construction d'une coalition et la rédaction d'un contrat de gouvernement ne se font pas en un jour. ... Certes, un exécutif fort, doté d'une majorité absolue est plus efficace. Mais c'est ainsi, l'exercice démocratique est aussi fait de discussions interminables et de promesses non tenues. De règles et de contre-pouvoirs qui freinent la prise de décision. ... Mais le désordre actuel est sans doute un nécessaire temps de maturation. Il deviendra un investissement hautement rentable si les tractations s'engagent vraiment et qu'elles permettent de rendre utiles les trois années qui viennent.»