Barnier Premier ministre : le bon choix pour la France ?

Deux mois après les législatives, le président Macron a nommé l'ancien commissaire européen et négociateur en chef du Brexit, Michel Barnier, nouveau Premier ministre. L'alliance de gauche NFP était arrivée en tête du second tour le 7 juillet avec 25,6 pour cent des voix, contre 5,4 pour le parti LR (droite) de Barnier, qui s'était classé quatrième. La presse se demande si l'on peut néanmoins trouver des raisons justifiant cette nomination.

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L'Opinion (FR) /

Qualifié par la négociation du Brexit

L'Opinion croit que le nouveau Premier ministre sera à la hauteur :

«Michel Barnier a beaucoup d'atouts pour cela, en premier lieu un incontestable savoir-faire pour concilier les contraires. Dans un temps politique où l'excès et la caricature tiennent lieu de programme, l'homme n'a jamais insulté ses adversaires. Il est à la fois solide sur ses principes et souple dans leur expression, calé sur un positionnement de droite et accessible à la négociation. Avoir réussi à gravir cet Himalaya que fut la négociation du Brexit est un exploit technique et diplomatique qui le qualifie largement pour éviter les pièges d'une Assemblée instable et revancharde. Le voilà, le Savoyard, au pied d'un autre 8 000. Probablement le défi de sa vie.»

Mediapart (FR) /

Au mépris du choix des électeurs

Macron ouvre un boulevard au RN, vitupère Mediapart :

«Le président de la République a choisi de s'en remettre au Rassemblement national (RN) pour désigner son futur Premier ministre. Le message du 7 juillet était pourtant clair : ce jour-là, une majorité de Français·es se sont mobilisé·es pour empêcher l'extrême droite d'accéder au pouvoir. Mais deux mois plus tard, c'est pourtant Marine Le Pen qui a posé ses 'conditions' pour ne pas censurer le futur gouvernement. Incapable d'imaginer une autre chorégraphie que ce pas de deux continuel avec le RN, Emmanuel Macron a fini par se laisser guider par celui-ci.»

La Repubblica (IT) /

Le Pen en arbitre

La Repubblica commente :

«Barnier dirigera un exécutif minoritaire, de centre-droit, qui ne pourra survivre qu'avec une abstention plus ou moins constructive du parti de Marine Le Pen. Après avoir rejeté plusieurs noms - Bernard Cazeneuve à gauche, Xavier Bertrand à droite -, Le Pen a avalisé, de fait, la nomination de Barnier et ainsi évité la menace d'une motion de censure immédiate. ... Avec ses 126 députés [dans le texte original: 146], Le Pen peut faire pencher la balance d'un côté ou de l'autre lors des futures motions de censure - déjà annoncées par la gauche.»

centrulpolitic.ro (RO) /

Il incarne une majorité

Sur le portail centrulpolitic.ro, l'analyste politique Valentin Naumescu approuve la nomination :

«La plupart des électeurs français ont voté pour la droite : pour l'extrême droite, la droite classique, les centristes macronistes (plus de 73 pour cent). Seuls 26,4 pour cent des électeurs ont voté pour l'alliance de gauche NFP, même si celle-ci est arrivée en tête du second tour, grâce au barrage républicain opéré avec le centre (bloc Ensemble), qui a lui-même obtenu 24,2 pour cent des voix. ... Ils se sont mutuellement soutenus, mais cela ne change rien à la réalité d'une scène politique française qui penche lourdement à droite. Difficile de dire quelle sera la stabilité du gouvernement Barnier, mais force est de constater que Macron a fait le bon choix.»

LB.ua (UA) /

Un coup habile

LB.ua y voit une décision pragmatique :

«Un représentant LR aura la possibilité, si ce n'est d'être soutenu, du moins d'être toléré par l'extrême droite - Barnier a tenu des propos virulents sur l'immigration ces dernières années - et par la gauche modérée. ... Deuxièmement, Barnier est vu comme quelqu'un de diplomate. Les médias français le décrivent comme un négociateur aguerri et un communicant ayant un excellent réseau de contacts dans tous les camps politiques du pays. Il entretient par ailleurs de bonnes relations avec Bruxelles, ce qui est particulièrement important pour la France actuellement. Enfin, Barnier est âgé. Cela signifie qu'il ne nourrit aucune ambition présidentielle, et que personne ne le verra comme un concurrent potentiel dans la perspective de l'élection de 2027.»