Viktor Orbán table sur la 'neutralité économique'
Viktor Orbán entend doter la Hongrie d'une "stratégie de neutralité économique". Il affirme rejeter la formation d'un bloc monolithique, auquel aspirerait l'Occident pour répondre à l'essor des Etats orientaux : selon lui, les relations économiques ne doivent pas être tributaires de considérations idéologiques. La presse du pays examine ces arguments.
Diversifier les relations commerciales
Une dépendance économique "unilatérale" rend un pays vulnérable, assure le portail Index, dans un article rédigé en coopération avec la fondation pro-Fidesz Oeconomus :
«Lorsqu'il augmente sa participation au commerce mondial, un pays s'expose davantage aux chocs, face auxquels son influence est relativement limitée. Un problème plus marqué encore surgit néanmoins quand un Etat est lié au commerce international de manière unilatérale, avec des exportations se concentrant en un seul endroit. Multiplier les débouchés géographiques des produits et des prestations exportées, et réduire cette concentration, peut permettre de remédier quelque peu à cette vulnérabilité. ... Proposer qu'un pays dilue ses dépendances, en diversifiant ses liens commerciaux et en renonçant à l'unilatéralisme, constitue une réflexion des plus rationnelles.»
Une doctrine peu porteuse
Les faits n'étaient pas les thèses d'Orbán :
«Prenons l'exemple du gaz russe, que nous avons acheté à la Russie à un prix douze pour cent supérieur à son cours en bourse au moins de juillet. ... Depuis l'entrée en vigueur du nouveau contrat signé avec la Russie, nos relations avec elle nous ont valu des pertes de quelque 253 milliards de forints [630 millions d'euros], selon les calculs de Népszava. La Hongrie a certes décidé elle-même avec qui elle commerçait, mais il semblerait qu'elle n'ait pas choisi le partenaire le plus avantageux. ... Cette 'neutralité économique' est peut-être une bonne chose en soi, mais ce n'est pas ce que la pratique prouve jusqu'ici.»
Une fiction
La neutralité économique telle que Victor Orbán la conçoit impliquerait une sortie du pays de l'UE, estime hvg :
«Il faut espérer que le Premier ministre est conscient du fait que 'l'indépendance économique', sous la forme qu'il a esquissée, n'est pas réalisable au sein de l'UE, et que la Hongrie ne peut pas vivre en dehors de l'Union. ... De ce point de vue, l'indépendance économique, sous la forme évoquée, n'est qu'une simple fiction, un cadre idéologique censé expliquer les mesures controversées du gouvernement aux niveaux national et international - démantèlement de l'état de droit, confrontation permanente avec les alliés, volonté de flagorner les dictateurs de tout poil - et le peu de réussite de sa politique économique.»