Que signifie l'interdiction de l'UNRWA par Israël ?

Israël a interdit le travail de l'agence de l'ONU pour les réfugiés (UNRWA) sur son "territoire souverain" à partir de l'année prochaine. La décision de la Knesset pourrait nuire aux conditions de vie des Palestiniens dans les territoires occupés, leurs frontières étant contrôlées par Israël. Les chroniqueurs évoquent les allégations de terrorisme formulées contre l'organisation, ainsi que les raisons de cette décision.

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Le Temps (CH) /

Une violation frontale de la Charte de l'ONU

Israël remet en cause l'ensemble du système international, fulmine Le Temps :

«C'est le point culminant d'une déclaration de guerre, non seulement contre les Palestiniens, dont des millions d'entre eux dépendent de l'agence onusienne, mais aussi contre le système international. Leur application mettra Israël en violation frontale de la Charte des Nations unies. ... Les Etats-Unis, mais aussi bon nombre de pays occidentaux, dont la France et l'Allemagne, avaient mis en garde les autorités israéliennes contre la tentation de franchir ce pas, qui enfonce encore Israël dans le statut d'Etat paria au regard du droit international. Rien n'y a pu.»

Der Standard (AT) /

Un populisme aux dépens des plus faibles

Der Standard récuse l'initiative de la Knesset :

«Les allégations de terrorisme formulées par Israël en lien avec le 7-Octobre ne concernent qu'une fraction marginale des collaborateurs de l'UNRWA, qui ont été du reste limogés il y a plusieurs mois par l'ONU. D'autres accusations peuvent donner lieu à des critiques et à des enquêtes, mais elles ne sauraient justifier une interdiction totale, qui met désormais en péril toute l'aide humanitaire destinée à la bande de Gaza. ... L'interdiction de l'UNRWA constitue une mesure populiste aux dépens des plus faibles. Elle s'inscrit dans le tableau plus large qu'Israël fait du monde et des institutions internationales : l'ONU, les organisations humanitaires, les tribunaux - tous se seraient ligués contre l'Etat hébreu, afin d'entraver son combat contre le terrorisme.»

Expressen (SE) /

Faillible mais indispensable

Expressen tâche de faire la part des choses :

«L'UNRWA a vu le jour dans l'urgence en 1949 pour gérer la crise des réfugiés palestiniens. ... Il a tout de suite été décidé que le statut de réfugiés des Palestiniens serait héréditaire. ... Ceci a eu pour conséquence que les pays voisins n'ont pas intégré les Palestiniens dans leur société, ne leur ont pas accordé la nationalité du pays et les mêmes droits que les nationaux. ... Depuis 75 ans, ils vivent en apatrides dans des camps de plus en plus grands gérés par l'UNRWA. Une politique qui ne profite ni aux Palestiniens, ni aux chances de réussite de la solution pacifique à deux Etats. Une réforme de l'UNRWA ou un transfert de ses responsabilités au Haut Commissariat de l'ONU pour les réfugiés (UNHCR) est toutefois irréaliste tant que la guerre fera rage. ... L'UNRWA n'est pas parfait, il a même énormément de défauts, mais nous n'avons pas de meilleur instrument à disposition.»

Süddeutsche Zeitung (DE) /

Vers l'établissement d'un 'Grand Israël' ?

Süddeutsche Zeitung n'exclut pas qu'une partie des dirigeants israéliens poursuive des visées expansionnistes :

«Il s'agit de rendre la vie insupportable pour les Palestiniens dans les territoires occupés - c'est-à-dire Gaza, la Cisjordanie et Jérusalem-Est. En conjonction avec la destruction quasi-totale de la bande de Gaza par Israël dans sa lutte contre le Hamas et avec l'encouragement par le gouvernement Nétanyahou du mouvement de colonisation, on est en droit de subodorer une vision expansionniste, visant à l'établissement d'un 'Grand Israël'. ... Et le fait que la loi anti-UNRWA ait été avalisée et par les partis de la coalition au pouvoir et par l'opposition prouve que l'idée n'est plus complètement impensable.»

De Volkskrant (NL) /

L'Occident doit agir

De Volkskrant appelle la communauté internationale à sortir de sa passivité :

«Il y a un moment que la légitime défense d'Israël contre le Hamas est devenue une punition collective des Palestiniens de Gaza, au mépris du droit international. ... Les Etats-Unis et l'Europe doivent montrer clairement, en prenant des sanctions, que la radicalisation croissante de la politique israélienne contre les Palestiniens a dépassé le seuil de tolérance. La communauté internationale ne peut plus assister en spectatrice passive à la détérioration de la situation dans la bande de Gaza.»