Serbie : nomination d'un nouveau Premier ministre
A la surprise générale, le président serbe, Aleksandar Vučić, a chargé Đuro Macut, endocrinologue réputé mais sans expérience politique, de former un nouveau gouvernement, dans un pays ébranlé par un vaste mouvement social depuis des mois. S'il échouait à le faire d'ici le 18 avril, il pourrait y avoir des élections anticipées. Les chroniqueurs s'interrogent sur les raisons de cette nomination.
Vučić tirera toujours les ficelles en coulisses
Dnevnik salue le profil de Macut, mais rappelle qu'il ne jouera pas de rôle déterminant :
«De telles nominations expérimentales sont le propre des situations de crise, dans lesquelles la société boude les personnalités connues et éprouvées. Et le médecin a au moins fait preuve de beaucoup de courage. Harry Truman disait de la politique : 'N'allez pas en cuisine si vous ne supportez pas la chaleur', or la politique et la société serbes sont un chaudron en ébullition, dont les autorités cherchent à faire baisser la température d'une manière ou d'une autre - même si ceci implique de nommer le docteur Macut au poste de Premier ministre apolitique. Son rôle sera plutôt provisoire. ... Des experts inconnus sont parfois arrivés à surprendre çà et là, mais en Serbie, on sait qui tient la barre.»
Un rôle précis
Si Vučić a choisi un professeur pour le poste de Premier ministre, cela n'a rien de fortuit, analyse Vreme :
«Alors que la plupart des professeurs d'université soutiennent résolument leurs étudiants, qui bloquent les facultés depuis plus de quatre mois, Vučić sort de son chapeau ce professeur de médecine reconnu, encore une page blanche. ... Il aimerait l'opposer au 'clan des professeurs criminels', qui auraient incité les étudiants à saper l'Etat serbe 'pour le compte de services secrets étrangers'. ... La mission première et primordiale du futur Premier ministre sera de briser la rébellion dans les universités serbes. .. Macut jouera le rôle du bon professeur soucieux d'instruire, contrairement à ses mauvais collègues désireux de détruire l'Etat.»