Dans la langue populaire bulgare, les médias sont qualifiés de "battes de base-ball", car ils s'efforcent à coups de campagnes de dénigrement de faire valoir les intérêts de leurs propriétaires. Ils bénéficiaient pourtant, il y a encore 20 ans, de la confiance de la population.
Bulgarie : les entrepreneurs instrumentalisent les médias
Lanterne rouge au classement de Reporters sans frontières
Une poignée d'entrepreneurs possèdent aujourd'hui la majorité des médias en Bulgarie et les instrumentalisent à des fins politiques. C'est une des raisons pour lesquelles la Bulgarie figure aujourd'hui à la dernière place du classement de Reporters sans frontières parmi les pays de l'UE.
Une pluralité médiatique inédite était pourtant apparue dans les années suivant la chute du communisme, marquées par une activité politique intense. Après des décennies de répression de la liberté des médias par les communistes (de 1944 à 1989), la promotion du journalisme indépendant a favorisé la naissance de nombreux médias papier.
En raison de la baisse des recettes publicitaires, la plupart des journaux éprouvent de grandes difficultés à assurer leur financement. Ils dépendent du bon vouloir des investisseurs.
Tandis que les premiers quotidiens indépendants 24 Chasa et Trud restent considérés aujourd'hui comme des médias de référence, le quotidien Douma, héritier de la presse communiste de jadis, n'est plus que l'ombre de lui-même. L'hebdomadaire Kapital et le quotidien Kapital Daily passent pour être des journaux de qualité, s'adressant à un lectorat cultivé, intéressé par les problématiques politiques et économiques.
La blogosphère bulgare se retrouve sur Facebook
L'avènement d'Internet a été émaillé de la création de nombreux portails d'information de grande envergure au tournant du nouveau millénaire, parmi lesquels News.bg et Dnevnik.bg. Les blogs, en revanche, ne suscitent pas l'engouement des lecteurs, car la plupart des blogueurs se sont tournés vers les médias sociaux et publient leurs textes principalement sur Facebook.
L’instrumentalisation des médias par leurs propriétaires s’est étendue aux chaînes télévisées, suite à la vente de la chaîne privée Nova Televizija à l’oligarque bulgare Kiril Domoustchiev. Survenu en 2019, ce transfert du groupe tchèque PPF Group à l’Advance Media Group de Domoustchiev s’est très rapidement traduit par une vague de licenciements. Des journalistes d’investigation connus comme Miroluba Benatowa, Genka Schikerowa ou encore Marin Nikolow, qui s’étaient forgés une farouche réputation grâce à des reportages peu amènes envers le gouvernement ou dévoilant des scandales se sont ainsi retrouvés sur le carreau, sans que la direction précise le motif de leur renvoi.
La chaîne privée en concurrence avec Nova Televizija, bTV, est détenue depuis sa création en 2000 par un groupe médiatique étranger, Central European Media Enterprises (CME), propriétaire de chaînes de télévision et de fréquences radio dans six pays européens.
Les chaînes de télévision publique BNT1, BNT2 et BNT HD continuent certes d’avoir une influence indéniable sur l’opinion, mais faute d’émissions de divertissements au format international, elles enregistrent une audience inférieure à celle des chaînes privées. Côté radio, la station publique bulgare et la fréquence privée Darik Radio sont les seules radios à diffusion nationale qui réservent à la parole une large part de leur temps d’émission.
Classement pour la liberté de la presse (Reporters sans frontières) : rang 111 (2020)
Mise à jour : avril 2020
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Vous trouverez plus d'information sur la liberté de la presse en Bulgarie »ici (en anglais).