La police interdit la manifestation de PEGIDA à Dresde
La police a interdit tout rassemblement public dans la ville de Dresde, ce lundi, en raison du risque d'attentat contre la manifestation prévue par le mouvement islamophobe PEGIDA. Celui-ci avait déjà annulé son défilé pour des raisons de sécurité. Les pro-PEGIDA peuvent maintenant s'afficher en martyrs, déplorent les commentateurs, qui appellent à éviter toute surenchère entre islamistes et islamophobes.
Les partisans de PEGIDA peuvent s'afficher en martyrs
Une interdiction de manifester ayant été décrétée à Dresde, partisans et opposants du mouvement PEGIDA entendent défiler dans les rues d'autres villes d'Allemagne ce lundi. Pour le quotidien de gauche taz, l'interdiction de la manifestation de Dresde ne signifie pas la fin de PEGIDA : "Au contraire, les instigateurs de PEGIDA pourront désormais s'afficher en martyrs de la liberté d'expression, contraints par les terroristes islamistes à renoncer à leur droit à la liberté de rassemblement. Quel que soit l'auteur de ces menaces, il ou elle vient de rendre un fier service aux adversaires de la république multiculturelle. Quant à savoir si l'interdiction de toutes les manifestations à Dresde par la police est justifiée ou non, aucun commentateur ne peut y répondre. … [Cette interdiction est] une atteinte aux droits fondamentaux et nécessite de solides motifs. Il conviendrait donc de les présenter à l'opinion publique."
Briser le cercle vicieux de la radicalisation
En raison de menaces terroristes contre la manifestation de PEGIDA à Dresde, Timothy Garton Ash met en garde contre le risque de radicalisation, dans le quotidien de centre-gauche La Repubblica : "Aujourd'hui, les partisans d'extrême droite de mouvements hostiles aux étrangers et à l'immigration essaient partout - pas uniquement en Allemagne - de gagner du terrain. Heureusement, le cas de Dresde n'est pas représentatif de l'ensemble de l'Allemagne. Ceci dit, tous les partis d'extrême droite, de l'UKIP au FN, essaient de jeter de l'huile sur le feu. Si nous ne nous faisons pas attention, ceci entraînera une radicalisation des minorités. Comment briser ce cercle vicieux ? Les partis européens de centre-droit, tels que la CDU ou les conservateurs britanniques, ont effectué un virage à droite pour mobiliser un certain type d'électeurs. Dans une certaine mesure, cette tactique est légitime. Mais il suffit de faire ce qu'a fait et ce qu'a dit la chancelière Angela Merkel, à savoir mettre le holà."
La position exemplaire de Merkel face à l'islam
Le quotidien de centre-gauche Népszabadság salue la phrase de la chancelière allemande Angela Merkel, à savoir que l'islam faisait partie de la société allemande. A l'heure de la peur terroriste et de la propagande islamophobe, elle fait entendre la voix de la raison, écrit le journal : "La prise de position de la chancelière est remarquable, sachant que cette dernière est connue pour ses déclarations évasives. … Malgré les hésitations pour lesquelles elle est connue, Merkel poursuit une politique fondée sur des valeurs. La valeur suprême, à ses yeux, est la liberté. Ayant vécu 35 années en RDA, cette conviction s'appuie sur un vécu. Dans sa représentation de la liberté, il y a la place pour une Allemagne colorée et ouverte au monde, qui assume ses responsabilités historiques. … Elle n'impose pas aux individus de renoncer à leur identité. Elle attend toutefois de chacune et de chacun le respect des règles du vivre ensemble. L'important n'est pas la religion ou la culture d'une personne, mais l'acceptation de la démocratie libérale."