L'UE réfléchit à de nouvelles sanctions contre la Russie
Après l'attaque d'une zone résidentielle de la ville ukrainienne de Marioupol, les ministres européens des Affaires étrangères comptent se retrouver jeudi à Bruxelles pour évoquer de nouvelles sanctions économiques contre la Russie. Certains commentateurs critiquent les atermoiements de l'UE. D'autres vont plus loin et appellent à soutenir l'Ukraine en lui fournissant des armes.
L'Europe oublie de durcir les sanctions
La réaction de l'UE aux attaques meurtrières sur Marioupol, le week-end dernier, est bien trop hésitante, critique le quotidien national-conservateur Latvijas avīze : "La tentative de réaction rapide a échoué et les ministres européens des Affaires étrangères se retrouveront jeudi seulement, et non lundi, comme prévu initialement. Cette fois-ci, la France est la principale responsable de ce report. Elle a certes des intérêts à défendre en Russie, dont le Mistral est le symbole. Mais il y a deux semaines encore, partout en Europe, les gens se donnaient la main en signe de solidarité avec Paris et manifestaient contre les attentats terroristes. L'attaque terroriste contre Marioupol est tout aussi importante et requiert un témoignage de solidarité rapide."
Mettre le holà à Poutine
Suite à la récente tragédie qui a frappé la ville ukrainienne de Marioupol, l'UE doit sensiblement augmenter la pression sur la Russie, exige le politologue russe Andreï Piontkovski sur le portail en ligne 15min : "La réaction de l'Occident dans les jours à venir sera décisive. On a déjà entendu beaucoup de déclarations, reste à voir si les paroles seront suivies de sanctions sérieuses. … Je ne m'attends à aucune résolution du Conseil de sécurité des Nations unies. Cette organisation n'est plus opérationnelle depuis des décennies, notamment en raison du droit de veto dont abusent certains de ses membres, actuellement la Russie. Au demeurant, si aucune décision importante n'est adoptée à l'issue de la réunion [des ministres européens des Affaires étrangères, jeudi], Vladimir Poutine en conclura que l'Occident a gobé un autre de ses crimes et il attisera un peu plus le conflit."
L'UE doit rejeter les velléités expansionnistes
Le chancelier autrichien Werner Faymann s'est prononcé contre une extension des sanctions économiques contre la Russie, mardi. Le quotidien Kurier ne comprend pas : "L'UE réagit avec le seul moyen dont elle dispose, qui est de resserrer la vis des sanctions. Le chancelier Faymann et d'autres, notamment le chef de la chambre de commerce Christoph Leitl, se lamentent sur les conséquences économiques : 'L'heure est à la diplomatie, pour rétablir la confiance brisée' (Leitl). Mais quelle confiance ?? La confiance en Poutine et dans les séparatistes qui, depuis bientôt un an, poursuivent l'objectif bien défini de se frayer un corridor terrestre jusqu'à la Crimée ? Cette même Crimée dont tout le monde, hormis l'Ukraine, a avalé le rattachement à la Russie ? Il est vrai que ce n'est pas des sanctions qui les arrêteront. … De ce point de vue, il est également vrai que les sanctions sont purement symboliques. Mais elles signalisent que le monde libre ne tolère pas cette politique, pas plus que d'autres velléités expansionnistes."
Armer l'Ukraine pour imposer la paix
L'Occident devrait livrer des armes à Kiev de sorte qu'une poursuite de l'intervention militaire devienne si coûteuse pour Moscou que celle-ci soit obligée de consentir à une solution politique, réclame Ivo Daalder, chef du Chicago Council of Global Affairs, dans le journal conservateur Financial Times : "Jusqu'à présent, les arguments contre un soutien militaire direct de l'Ukraine ont eu le dessus. Les peurs d'une escalade et les craintes que de telles mesures torpillent une solution politique ont dominé le débat européen. … Il paraît cependant évident que le président russe Vladimir Poutine ne se résignerait à une solution politique que si les coûts de la guerre s'avéraient trop élevés. Des livraisons d'armes à l'Ukraine alourdiraient les dépenses militaires pour la Russie, ce qui augmenterait la probabilité de réussir à négocier un véritable accord. Le moment est venu de le faire."