La Grèce exclue du programme d'assouplissement quantitatif
La BCE lancera lundi son programme de rachat massif de dettes publiques. Son président, Mario Draghi, a par ailleurs confirmé jeudi que dans un premier temps, les titres grecs seront exclus de cette opération. La banque de Francfort choisit ainsi d'asphyxier l'économie grecque, critiquent certains commentateurs. D'autres appellent la BCE à ne jamais racheter les titres d'un Etat en faillite.
Le rachat d'emprunts par la BCE est une absurdité
Le cas de la Grèce illustre la dangerosité et l'absurdité de la stratégie de la BCE, critique le quotidien conservateur Frankfurter Allgemeine Zeitung : "La BCE ne rachètera pas d'autres emprunts d'Etat à la Grèce - dans un premier temps seulement, hélas. Elle devrait se garder de racheter des titres d'un pays qualifié d''Etat en faillite' par son propre ministre des finances, Yanis Varoufakis. Le prochain écueil se profile en juillet, date à laquelle Varoufakis devra rembourser à la BCE des emprunts d'une valeur nominale supérieure à quatre milliards d'euros. Une fois ces emprunts remboursés seulement, la BCE rachètera des emprunts en deçà d'un seuil maximum fixé à 33 pour cent des emprunts d'Etat d'un pays donné. Ensuite, selon sa propre décision, elle pourra à nouveau racheter. C'est absurde : Varoufakis doit trouver des milliards pour les rembourser à la BCE, afin que celle-ci puisse à nouveau racheter de nouveaux emprunts. Et la BCE se récrie de financer les budgets publics."
La BCE veut asphyxier l'économie grecque
La Grèce ne pourra pas participer au programme de rachat d'emprunts d'Etat par la BCE car elle ne remplit pas les conditions définies pour pouvoir solliciter les crédits de la BCE. Le président de l'institution de Francfort, Mario Draghi, s'est attaché à le souligner, jeudi. Une décision que critique le journal en ligne libéral To Vima : "Une nouvelle fois, Athènes ne recevra de l'argent qu'au compte-gouttes. … Il est évident que cette situation ne favorisera ni la Grèce ni l'Europe, et qu'elle ne peut avoir que des répercussions dramatiques. Il est absurde que nos partenaires européens exigent d'un côté des changements et des réformes, et choisissent de l'autre d'asphyxier notre économie, en nous invitant à honorer nos engagements. Le gouvernement grec s'est engagé à présenter à l'Eurogroupe, lundi prochain, un premier programme de réformes concrètes et d'évaluation des coûts. … Ni les finances publiques, ni l'économie réelle ou la société ne pourront supporter une incertitude permanente ces prochains mois."
Un programme de rachat trop tardif
Les rachats de dettes publiques ne contribueront pas à relancer l'économie européenne, estime le quotidien de centre-gauche Der Standard : "Les taux atteignent de toute façon déjà des plus bas historiques, et de l'avis des économistes de la BCE, la zone euro est déjà en train de remonter la pente. Le président de la BCE, Mario Draghi, attire l'attention sur le péril de la déflation ; il ne s'attend même à aucune hausse des prix cette année. Or cela est essentiellement lié aux faibles prix du pétrole, qui favorisent également la reprise de la croissance. Et en vertu des règles instaurées par la BCE pour solliciter cette manne monétaire, c'est l'Allemagne qui se taillera la part du lion, alors que le pays bénéficie déjà de taux d'intérêt négatifs pour ses émissions obligataires. Cette injection monétaire ne profitera pas beaucoup aux entrepreneurs italiens et espagnols, lesquels se voient privés de crédits par les banques. Un tel programme aurait été judicieux il y a deux ans. Or à l'époque, le monde politique n'était pas prêt à l'envisager. Le remède miracle du docteur Draghi arrive trop tard pour être d'un quelconque secours à l'euro. Même s'il ne fera pas de mal au patient, on ne peut pas dire qu'il s'agit d'une politique monétaire cohérente."
Mario Draghi assure la reprise en Europe
Le rachat massif de titres de dette publique contribuera à pérenniser la reprise économique dans la zone euro, se réjouit le quotidien économique libéral Financial Times : "Si elle a dans un premier temps réagi trop lentement à la faible croissance économique et au faible taux d'inflation, la BCE a désormais recours à des mesures appropriées pour transformer l'amorce d'amélioration économique en reprise durable. … Par le biais de son programme d'assouplissement quantitatif (QE), la BCE a opté pour la bonne approche, même si elle a tardé à le faire. Le président de la BCE, Mario Draghi, est parvenu à surmonter les réticences exprimées à Francfort à l'encontre des mesures d'assouplissement monétaire. Il faut que la BCE mène ce programme jusqu'à ce que l'annonce ponctuelle de bonnes nouvelles économiques se transforme en flux continu."