Les négociations avec la Grèce dans l'impasse
A l'issue du sommet de l'Eurogroupe qui s'est tenu vendredi à Riga, les fronts semblent s'être durcis un peu plus dans le litige autour des dettes de la Grèce. Le chef de l'Eurogroupe Jeroen Dijsselbloem a souligné qu'il n'y aurait pas de nouveaux versements sans la mise en œuvre d'un grand programme de réformes. Après trois mois de négociations, aucun accord ne semble se profiler entre la Grèce et ses créanciers, constatent les commentateurs, qui tentent de trouver un responsable à cet échec.
Le fiasco des négociations
Après trois mois de négociations avec les créanciers, le gouvernement grec n'a rien obtenu, écrit le quotidien conservateur Kathimerini, déçu : "Il est certain que le gouvernement a désormais moins d'amis et d'alliés. … La malédiction de l'incertitude, liée à la perspective d'un Grexit, est de retour. Celle-ci repousse les investisseurs et menace l'économie. Les espoirs grandioses d'une remise de dette ou d'une décote se sont révélés être autant de châteaux en Espagne. … Il a été impossible de trouver des sources de financement non occidentales. La presse étrangère s'est par ailleurs opposée à la Grèce. Il y a des responsables à ce fiasco. Tout porte à croire que le gouvernement a développé un programme de négociation basé sur le bluff, et qui n'a tenu compte ni des relations de pouvoir existantes ni des conséquences dévastatrices de l'incertitude."
L'UE foule aux pieds la démocratie
Sur son blog hébergé par le magazine d'information de centre-gauche Marianne, le politologue et économiste Jacques Sapir critique sévèrement la position de l'UE dans les négociations avec la Grèce : "Loin de se réjouir de l'arrivée au pouvoir d'un parti, puis d'une coalition, décidé à aborder de front les problèmes structurels de la Grèce qui s'appellent corruption, clientélisme et népotisme, l'Union Européenne n'a eu de cesse que de vouloir casser ce gouvernement, de lui imposer un autre programme que celui sur lequel il a été élu. Ce faisant, elle montre son total mépris de la démocratie dont ses dirigeants par ailleurs se gargarisent. Quelle que soit l'issue de la crise actuelle, que l'on ait un mauvais accord, un défaut, voir une sortie de l'Euro de la Grèce, l'attitude odieuse de l'Union Européenne restera dans les mémoires de tous les européens, mais aussi des autres."
Conditionner l'aide financière à des réformes
Le gouvernement grec doit enfin mettre en œuvre ses projets de réforme s'il veut obtenir des fonds de ses partenaires européens, écrit le quotidien conservateur The Times : "La fuite des capitaux n'est pas le résultat d'un sombre complot capitaliste destiné à saper la volonté du peuple grec. Elle est la conséquence logique des atermoiements d'un gouvernement qui ne sait absolument pas comment résoudre la crise que traverse son pays, et qui semble croire que la menace d'une immolation semble être une stratégie de négociation efficace. Le gouvernement grec devrait marquer le pas et proposer des réformes structurelles crédibles et détaillées pour relancer son économie sclérosée. C'est à partir de là seulement que les partenaires et les créanciers de la Grèce auront l'obligation morale de négocier sérieusement avec Athènes."
L'austérité porte ses fruits dans la zone euro
Tout les yeux étant rivés sur la crise grecque, on a tendance à négliger les réussites réalisées dans les autres pays, critique le journal économique libéral Handelsblatt : "Il est certain que la zone euro est loin d'être une locomotive de la croissance économique mondiale. Mais la plupart des pays - à l'exception de la France - ont adopté des réformes favorables à la croissance. Pour les deux années à venir au moins, ils peuvent compter sur le vent très favorable de la politique monétaire. La Grèce est clairement l'exception, et non la règle. Le gouvernement de gauche étouffe la timide confiance des investisseurs dans le pays et à l'étranger. Il n'est donc pas étonnant que les gouvernements espagnol et portugais ne veuillent pas se joindre à l'insurrection grecque contre les conditions imposées par la troïka."