L'UE prolonge les sanctions contre la Russie
L'UE a prolongé les sanctions économiques contre la Russie jusqu'à fin janvier 2016. Les ministres des Affaires étrangères ont décidé lundi à Luxembourg de ne pas les assouplir tant que Moscou ne respecterait pas le plan de paix de Minsk. Les sanctions n'ont pas l'effet escompté, écrivent les commentateurs, qui redoutent qu'elles ne nuisent durablement à l'économie européenne.
L'âme russe brave les sanctions
La prolongation des sanctions a toute raison d'être mais force est de constater qu'à ce jour, elles n'ont pas réussi à faire plier Moscou, commente le journal libéral Mladá fronta Dnes : "La guerre de conquête en Ukraine perdure même si elle a une moindre intensité actuellement. Or elle continue de faire des victimes. Et la Crimée n'en reste pas moins un territoire annexé, au mépris du droit international. … L'échec des sanctions ne s'explique pas uniquement par l'intransigeance dictatoriale du Kremlin, mais aussi et surtout par une certaine opiniâtreté propre à l'âme russe. Plutôt tout se refuser, par exemple renoncer au niveau de vie qu'on avait, que de s'accommoder de l'effronterie d'une punition. Le tout à grands renforts d'une propagande digne de la Seconde Guerre mondiale contre l'Allemagne nazie. Mieux vaut les sanctions que rien du tout. Mais dans le conflit avec la Russie, elles n'auront pas un impact décisif."
Les exportations européennes durablement affaiblies
Les sanctions européennes ainsi que les contre-sanctions prises par la Russie pourraient entraîner des pertes durables dans le commerce agroalimentaire, redoute le quotidien libéral Hämeen Sanomat : "Les sanctions n'ont pas suffisamment affaibli l'économie russe, pas assez en tout cas pour estimer que l'UE ait atteint en partie ses objectifs initiaux. Suite à l'interdiction des produits alimentaires d'importation, la Russie a développé sa propre filière de production et de transformation. Si ces investissements consolident durablement la production nationale russe, il se peut que l'exportation de produits alimentaires européens vers l'Est ne retrouve pas son niveau initial, même si les sanctions et les contre-sanctions étaient un jour supprimées. L'Europe a serré les rangs et aucun pays n'a été tenté de suivre ses propres intérêts et de faire cavalier seul. C'est pourquoi, en vertu du principe de solidarité, les pays qui ont essuyé les plus grosses pertes doivent être suffisamment indemnisés."
Le conflit ukrainien menace l'ensemble du continent
Malgré la prolongation des sanctions, l'UE ferme les yeux sur la guerre en Ukraine, ce qui n'est pas sans danger, écrit le quotidien libéral-conservateur Le Temps : "C'est une guerre qu'on préfèrerait ne pas voir. D'ailleurs, elle tue peu, dérange peu, mobilise peu. Pourquoi s'en soucier ? A l'est de l'Ukraine, il ne se passe pourtant pas un seul jour sans que l'on échange des coups de feu, sans que le décompte des victimes poursuive son œuvre : 6.500 morts à ce jour. … Cette guerre qu'on refuse de nommer a jeté sur les routes des centaines de milliers de personnes et provoqué une crise humanitaire aiguë. Qui s'en préoccupe ? ... Le déni européen est d'autant plus inquiétant que ce bras de fer pourrait à tout moment dégénérer en un affrontement général avec son plus puissant voisin. La guerre du Donbass s'inscrit sur une ligne de fracture qui menace non seulement de faire sombrer l'Ukraine, mais de déstabiliser tout le continent."