Andrzej Duda est le nouveau président polonais
En Pologne, le nouveau président Andrzej Duda, membre du parti national-conservateur PiS, a prêté serment jeudi devant le Parlement. Si certains commentateurs craignent un virage à droite, d'autres pensent que Duda sera un président fort, qui surprendra.
Duda ne doit pas être la marionnette de Kaczyński
Le nouveau président et son parti Droit et justice (PiS) devront faire preuve de responsabilité dans leur exercice du pouvoir, exige l'hebdomadaire économique libéral The Economist : "Le parti conservera-t-il la position centriste modérée qu'il a affichée pendant la campagne électorale ? Ou imitera-t-il les sautes d'esprit du farfelu Jarosław Kaczyński, le cerveau du parti ? … La politique de la Pologne dépendra en grande partie de Duda, qui partagera avec le gouvernement la responsabilité de la politique extérieure. Né en 1972, il se démarque d'une génération de la politique polonaise dont les idées ont été formées sous le communisme. La soif de changement politique des Polonais est compréhensible, mais leur démocratie a besoin non pas d'un, mais de deux partis responsables. Duda doit prouver qu'il n'est pas la marionnette de Kaczyński."
Un nouveau président prometteur
Le nouveau président polonais Andrzej Duda jouera peut-être un rôle comparable à celui de son homologue slovaque Andrej Kiska, estime le quotidien libéral Mladá fronta Dnes : "Nombreux sont ceux en Slovaquie qui avaient joué les Cassandre concernant le millionnaire Andrej Kiska [avant qu'il ne devienne président]. Pourtant, jusqu'à maintenant, il s'acquitte de sa tâche avec l'élégance d'un diplomate accompli. … Dans le cas de Duda, deux choses sont déterminantes : premièrement, la réussite de son parti Droit et justice [PiS] sera-t-elle confirmée aux législatives de l'automne ? Deuxièmement, si Duda réussit à s'émanciper de la tutelle de son mentor, sera-t-il aussi indépendant dans l'exercice de son mandat que pendant sa campagne ? Exécutera-t-il les désirs et les ordres du chef de son parti, Jaroslaw Kaczyński, comme il l'a fait tout au long de sa carrière ? ... Bien que sans Kaczyński, Duda ne serait jamais devenu président, les tendances s'inversent. Kaczyński, ex-Premier ministre et actuel leader d'opposition, a besoin du soutien du président. La tradition polonaise privilégie des présidents forts. Ce nouveau venu dans la cour des grands ne peut surprendre que positivement."
Eviter le retour de la mégalomanie et de l'intolérance
Dans une tribune à Gazeta Wyborcza, le nouveau président polonais Andrzej Duda laisse entrevoir la possibilité de modifier la Constitution afin de consolider la souveraineté de la Pologne. Le quotidien libéral y voit un danger : "Quels pourraient être ces changements, censés faire en sorte que notre indépendance et notre identité culturelle soient mieux protégées qu'elles ne le sont déjà ? Nous savons comment Vladimir Poutine s'y prend pour protéger la souveraineté de la Fédération de Russie, ou encore comment Viktor Orbán le fait pour protéger l'Etat hongrois. Il y a de bonnes raisons de trouver ces déclarations alarmantes. Car elles pourraient signifier que la Pologne recherche des solutions antidémocratiques, ou qu'elle retourne à la mégalomanie nationaliste et à l'intolérance. … Nous souhaitons au président que le dialogue soit au cœur de son mandat, et non l'agressivité et l'intolérance."
L'OTAN devrait suivre les conseils de Duda
Dans sa déclaration devant les députés de la Sejm, le président polonais Andrzej Duda a exigé un renforcement de la présence de l'OTAN dans son pays, ainsi que 'davantage de garanties' face à la menace russe. Des revendications tout à fait justifiées, estime le quotidien conservateur Frankfurter Allgemeine Zeitung : "L'OTAN ferait bien de prendre au sérieux ces préoccupations, mais aussi d'adopter des mesures pratiques, dans un cadre raisonnable, pour empêcher Moscou de faire des bêtises politiques, voire militaires. La demande de Duda de renforcer la présence de l'OTAN en Europe de l'Est montre par ailleurs que la politique menée par la Russie réveille les mauvais esprits mêmes qu'elle affirme vouloir conjurer. Si l'on suit l'argumentation de Moscou, comme certains continuent de le faire en Occident, les revendications de Duda seraient superflues. Car il y aurait déjà des structures solides de l'OTAN au sein des PECO. Ce qui n'est pas le cas, et la volonté de les mettre en place n'est pas très marquée en Europe occidentale."