COP21 : proposer ou imposer ?
Dans le cadre de la conférence sur le climat de Paris, la communauté internationale discutera des moyens d'enrayer le réchauffement de la planète. Les Etats n'ont pas tous les moyens de s'engager à respecter des objectifs climatiques contraignants, rappellent certains commentateurs. D'autres estiment que la conclusion d'un accord pourvu d'un mécanisme de sanctions pourrait restaurer la confiance des citoyens dans la politique.
Les engagements informels seront sans effets
Une protection du climat consentie sur une base volontaire est loin d'avoir la valeur d'un accord contraignant, écrit le quotidien de centre-gauche Der Standard : "On peut se demander si cet accord climatique tant loué qui clôturera ces quelque deux semaines aura la moindre crédibilité. La tendance au 'volontariat' observée depuis un certain temps dans la politique internationale de protection du climat risque de montrer ses effets pervers dans les années à venir. Car il n'y aurait pas non plus de mécanismes de contrôle, soumis au droit international, des données nationales relatives aux émissions de gaz à effet de serre. Ni non plus de sanctions possibles lorsque les Etats ne respectent pas les consignes. La protection internationale du climat, à la merci de l'agenda politique de chaque pays, deviendrait bien aléatoire."
COP21 : restaurer la confiance dans la politique
A Paris, la confiance des citoyens dans la politique est en jeu, estime le quotidien de centre-gauche Libération, qui réclame un accord climatique contraignant : "Les grands de ce monde en surchauffe ont une responsabilité d'autant plus cruciale sur ce point que le hasard tragique et les excès qui commencent à poindre sous prétexte d'état d'urgence ont empêché la société civile, en dehors de chaînes humaines très méritoires, de faire pacifiquement pression sur la réunion du Bourget. Si la COP 21 se termine sans accord, ou avec un accord sans contrainte, elle apparaîtra comme une simple opération de greenwashing politique. Le discrédit des dirigeants, des élus, de la politique en sera encore accentué. Dans cette triste hypothèse, le name and shame ('désigner et faire honte') qu'on ne manquera pas de prononcer ne sera pas réservé à quelques récalcitrants de la cause du climat. Il flétrira la démocratie elle-même."
Les objectifs ambitieux ne sont pas à la portée de tous les pays
Il serait absurde de vouloir appliquer avec dogmatisme les mêmes objectifs climatiques à tous les pays, fait valoir l'expert en énergie polonais Filip Elżanowski. Dans une tribune au quotidien conservateur Dziennik Gazeta Prawna, il aborde les problèmes spécifiques à son pays : "Sur le fond, un accord devrait en tout premier lieu tenir compte des particularités des situations individuelles, des spécificités, des besoins et des possibilités des différents pays, de manière flexible et au cas par cas. Il faut notamment avoir des égards pour les pays moins développés. … La Pologne est quasi-exclusivement tributaire du charbon dans sa production énergétique. C'est pourquoi toutes les demandes de réduction des émissions soulèvent de grandes controverses dans notre pays. La réduction des émissions de gaz à effet de serre envisagée par l'UE est déjà un poids pour nous."
Changement climatique : des craintes infondées
Les politiques et les activistes qui mettent en garde contre les dangers du changement climatique cèdent à un alarmisme infondé, critique Matt Ridley, journaliste eurosceptique et membre de la Chambre des Lords britannique, dans le quotidien conservateur The Times : "Les 40 000 personnes qui se rassembleront à Paris les douze prochains jours sont convaincus que le climat nous réserve des catastrophes d'ici la fin du siècle si nous ne réduisons pas les émissions de gaz à effet de serre. … En ceci, ils ne sont pas sur la même longueur d'ondes que les scientifiques. Dans une étude publiée par l'American Meteorological Society en 2012, 52 pour cent de ses membres seulement estimaient que le changement climatique était lié à des facteurs anthropiques, tandis que 34 pour cent d'entre eux seulement y voyaient une menace réelle pour la planète. … Sommes-nous certains de ne pas réagir de façon démesurée ?"