Le HDZ doit prendre ses distances
Dans le cadre du congrès du parti d’extrême droite HSP-AS, membre de la coalition gouvernementale, un membre du parti a tenu samedi des propos antisémites. Le quotidien de centre-gauche Novi list critique le silence du parti conservateur HDZ par rapport à cet incident :
«La réélection d’Ivan Tepeš à la tête du parti n’a pas été saluée par des couronnes de fleurs, mais par des slogans antisémites, appelant à l’extermination des juifs de ce monde. Une leader d’opposition a dû s'entendre dire qu'elle était 'tout juste bonne à aller se faire tirer' avant de se suicider avec le leader d’opposition social-démocrate et le représentant de la minorité serbe. Ces slogans fascistes feront plus rapidement le tour du monde que ne le pensait le ministre croate des Affaires étrangères Miro Kovać, qui a honoré le congrès en lisant un message du Premier ministre Orešković. Il est inquiétant que celui-ci n'ait rien dit suite à ces propos antisémites, même lorsqu'a été scandé le salut des oustachis 'za dom spremni' [prêts pour la patrie].»
L'extrême droite est devenue incontrôlable
Le parti HSP-AS, membre de la coalition au pouvoir, a rendu présentable l’extrême droite en Croatie, lit-on dans le quotidien libéral Jutarnji list :
«Aujourd’hui, le HSP fait partie de la coalition gouvernementale et le vice-président du Parlement est issu de leurs rangs. Pour le parti conservateur au pouvoir HDZ [premier parti du pays], il s’agit d’un partenaire acceptable bien qu'il ait recommencé à flirter avec le salut des Oustachis. Jusqu’à présent, il a toujours été de la responsabilité du HDZ de contenir l’extrême droite. Mais depuis que Tomislav Karamarko assure la présidence du parti, le HDZ ne remplit plus cette fonction. Pire encore : il s’est lui-même laissé gagner par ce virage à droite.»
Le litige ministériel, un test pour la coalition
Le gouvernement croate, en fonction depuis cinq jours seulement, doit se prononcer ce jeudi sur le limogeage du ministre des Anciens combattants, Mijo Crnoja. Le politique HDZ est accusé de détournement, de fraudes fiscales et de violences. Le litige entre les partenaires de coalition HDZ et Most compromet le gouvernement, prévient le quotidien de centre-gauche Novi list :
«On reproche déjà cinq infractions à Crnoja. Les sociaux-démocrates de l’opposition, mais aussi le partenaire de coalition Most, réclament son départ. Mais c’est surtout l’avenir du gouvernement qui est remis en question. Ce ministre ignore ce que signifie respecter la loi et la morale. … Si le gouvernement ne parvient pas à s’entendre sur une chose aussi logique que l’exclusion de ce ministre, alors il est évident que rien ne pourra fonctionner.»
Un gouvernement à la 'Tom & Jerry'
Les assauts de l’opposition ne seront pas le seul obstacle que rencontrera le nouveau gouvernement croate, prédit le quotidien de centre-gauche Delo :
«La menace pour le nouveau gouvernement, c’est celle qui émane de ses propres rangs. La coalition et les ministres reposent sur une base fragile, et la coalition présente un fort potentiel de querelles diverses. Par ailleurs, chaque jour révèle de nouveaux conflits. Ceux qui se retrouvent mis sur la touche ou exclus des postes à pourvoir essuient un affront considérable. Les offensés ne manquent jamais de vanité, surtout en Croatie. La situation ressemble fort à l’histoire de Tom et Jerry, lesquels n’arrivent pas à s’entendre sur quoi que se soit et se cherchent noise, du simple fait que l’un est un chat et l’autre une souris.»
Des nationalistes aux commandes
Le nouveau gouvernement, composé du parti national-conservateur HDZ et du nouveau parti libéral Most, risque d’écrire une sombre page de l’histoire politique croate, redoute le quotidien de centre-gauche Novi list :
«Au vu des individus nommés à certains ministères, comme l’ancien combattant Mijo Crnoja, il n’y aucune raison de croire à la compétence du nouveau gouvernement. On donne ici l’occasion à cet ancien lieutenant de mener à bien son projet de représailles, qui consiste à identifier les 'traîtres à la patrie'. Or il n’est pas le seul à faire tache. Car en la personne de Zlatko Hasanbegović, on nomme à la Culture un historien qui était autrefois membre du parti fasciste oustachi HOP, et qui dénigre ouvertement le mouvement antifasciste. A ses yeux, la Croatie n’a été libérée qu’en 1991. Tout ceci indique que Tomislav Karamarko et le HDZ poursuivront leur croisade antilibérale.»
Une équipe dépourvue d'esprit d'entreprise
Le quotidien libéral Jutarnji list fait lui aussi part de sa déception quant à l’équipe gouvernementale présentée par le nouveau Premier ministre, soulignant qu’il s’attendait à plus de nouveauté :
«La formation, l’expérience économique et les capacités financières d’Orešković nous avaient donné l’espoir d’avoir enfin un dirigeant qui composerait une équipe très compétente, et qui déclarerait la guerre à une administration publique surdimensionnée et dilettante. Or seuls 4 nouveaux ministres sont issus du privé, les 19 autres venant du public. Ce sont des individus qui viennent du 'côté dépensier' et qui devront être payés par le privé. Peut-on augurer du succès d’un gouvernement composé quasi exclusivement de ministres qui n’ont jamais tenté de gagner eux-mêmes de l’argent ? Non, le risque avec ce gouvernement, c’est que le secteur public devienne un objectif en soi.»