Ordre de tirer sur les réfugiés ?
La présidente du parti allemand d'extrême-droite Alternative für Deutschland (AfD), Frauke Petry, a demandé à ce que le recours aux armes à feu en cas d’urgence soit autorisé pour empêcher les réfugiés d’entrer sur le sol allemand. Les commentateurs n’ont pas caché leur effroi en établissant un parallèle avec l'histoire allemande.
L'AfD n'est pas anticonstitutionnel
En dépit des récentes déclarations de la chef de file de l’AfD Frauke Petry - préconisant de tirer sur les réfugiés à la frontière en dernier recours - ce parti respecte les règles du jeu de l’Etat de droit, selon le quotidien de centre-gauche Tages-Anzeiger :
«Il est parfaitement légitime de demander à la chancelière de renoncer à sa politique d’accueil des réfugiés et de fermer les frontières, pour autant que ces mesures se fassent dans le respect des lois et des obligations du droit international. L’AfD exerce son droit démocratique, il ne saurait donc y avoir lieu de sortir l’artillerie lourde et de les traiter de nazis, ni de les faire surveiller par les services secrets car ils constituent une menace pour la sureté de l’Etat. Que les démocrates - de gauche ou de droite - prêts à affronter l’AfD le fassent avec des arguments. Qu’ils montrent que leurs propositions de gestion de la détresse des réfugiés sont meilleures, plus humaines et plus praticables que celles proposées par les xénophobes. Qu’ils les affrontent avec aplomb, sérieux et résolution. Qu’ils démasquent leurs solutions trop faciles comme autant d'illusions. Et qu’ils ne versent pas eux-mêmes dans le populisme, car en les imitant, ils ne feraient que renforcer ce qu’ils prétendent combattre.»
L'AfD ne saurait être une alternative pour l'Allemagne
Ce week-end, la présidente de la section berlinoise de l'AfD Beatrix von Storch a soutenu sur facebook la proposition de Petry, en ajoutant qu'elle ne voyait pas d'inconvénient à ce qu'on tire également sur les enfants. Ces déclarations méprisantes pour le genre humain tenues par deux des principales représentantes du parti, montrent le véritable visage de ce dernier, estime le portail en ligne public tagesschau.de :
«Ce que l'AfD nous a servi ce week-end et aujourd'hui est d'une insigne perfidie. Tenir des propos en totale contradiction avec les droits de l'homme pour être sur toutes les lèvres est une tactique dont avait usé la propagande nazie, avant l'arrivée au pouvoir d'Hitler. ... Il est impératif de faire éclater toute la vérité sur ces agitateurs de consciences : ils sont contre la démocratie et la Constituation. Il n'est plus possible de l'ignorer ni de se taire. L'Allemagne devrait s'unir pour bannir à jamais toute proposition de tirer sur une population à ses frontières. Si nous en sommes capables, c'est à l'AfD que nous le devons. Et il est essentiel que ce dernier comprenne qu'il ne représente EN AUCUN CAS une alternative pour l'Allemagne.»
Dérapage en Allemagne : tout le monde est concerné
En proposant que des armes à feu soient utilisées pour tirer sur les réfugiés, l'Allemagne est renvoyée aux sombres heures de son histoire, commente le quotidien libéral-économique Hospodářské noviny :
«La nouvelle présidente de l'AfD Frauke Petry avait toujours veillé à ne pas faire de dérapage jusqu'à ce qu'elle donne récemment une interview dans un journal. En déclarant que l'utilisation d'armes à feu pouvait être autorisée en dernier recours contre les réfugiés, elle a réussi à provoquer l'indignation de tous les partis. Le chef de la police fédérale a même été jusqu'à affirmer qu'une telle méthode s'opposait à l'Etat de droit. N'importe quel autre pays aurait considéré que de telles réactions étaient disproportionnées. Mais nos voisins ont bien raison d'avoir réagi au quart de tour. Et nous devrions réfléchir à notre propre histoire lorsque le chef de file du SPD Thomas Oppermann rappelle que le dernier homme politique à avoir donné une autorisation de tirer sur la population n'était autre que Erich Honecker. Notre passé est truffé de ce type d'exactions.»